vendredi 19 octobre 2012

Les couleurs de l'automne arrivent

Echarpe de brume matinale
Les vignes prennent des couleurs
En jouant de la géométrie
Des lignes et des parcelles
Dans un paysage renouvelé
Qui fleure la châtaigne
Et le vin nouveau




4 artistes japonais à Colmar

Le Centre Européen d'Etudes Japonaises d'Alsace 
présente les oeuvres de quatre artistes japonaises.
"Calligraphies et Encres Flottantes - Sodô Suminagashi"
sera visible les 27 et 28 octobre prochains au Corps de Garde à Colmar.

Vernissage de l'exposition le vendredi 26 octobre à 18 heures.

L'incendie du ciel...

Un matin...
Lever de soleil...
Embrasement...
On en prend plein les yeux et ça change tout le temps
Cela se passe simplement de commentaires...


 

dimanche 14 octobre 2012

Guide des thés du Japon

Enfin un bon livre sur les thés du Japon !
Valérie DOUNIAUX
a publié
Le guide des thés du Japon
 (Félix Torres éditeur)
En quelques 225 pages, l'auteur nous dresse un panorama complet du thé du Japon, de la production à la dégustation, en passant par l'histoire et les effets du thé sur la santé. Débordant du cadre strict du sujet, Valérie Douniaux glisse dans son texte quelques parenthèses sur la manière d'aborder la culture du Japon et nous donne quelques clefs de compréhension d'un univers où le thé occupe une place particulière, bien qu'étant totalement intégré au quotidien. A se procurer sans délai...

mercredi 10 octobre 2012

Une expo sur le thé !

Le Musée Guimet (Paris) propose une expo et des animations sur le thème du thé. Le lieu est superbe, les collections sont exceptionnelles et on peu même y goûter le divin breuvage dans le pavillon de thé...

Plus d'infos en suivant ce lien http://www.guimet.fr/fr/expositions/expositions-a-venir/le-the-a-guimet-histoire-dune-boisson-millenaire

La petite tasse jaune sur l'affiche est d'origine chinoise. Je vous donne un petit aperçu d'autres petits bijoux vus au musée Guimet.

Comment ne pas craquer ?
Un billet suivra avec un petit reportage photo...

vendredi 25 mai 2012

Xénia Hauser : flagrant délit, d'initié

Une remarquable expo présentée par le
Musée Würth Erstein :
 "Flagrants Délits"
 nous fait découvrir une artiste contemproraine
Xenia HAUSNER

Xénia Hausner : flagrant délit, d’initié.


Pour sa huitième exposition, le Musée Würth à Erstein nous présente une artiste autrichienne peu connue en France : Xenia Hausner. L’exposition, baptisée « Flagrant délit », du titre de l’un des tableaux, est riche de quelques trente-six œuvres de grand format complétées par vingt-deux photographies permettant de les appréhender sous un autre angle. On est frappé d’emblée par la richesse de la palette de l’artiste, l’expressivité des sujets, mais très vite le regard explore et la deuxième lecture suggère le questionnement. La peinture de Xenia Hausner intrigue et on est vite pris dans un jeu permanent de construction et de déconstruction du sens.

« Flagrant délit » constitue la première exposition monographique de l’artiste en France. Les œuvres exposées sont issues de la fondation Würth et de collections privées. Xenia Hausner, née en 1951, vit entre Vienne et Berlin. Fille de Rudolf Hausner, l’une des figures de proue du réalisme fantastique et de l’école de Vienne, elle consacre d’abord vingt ans de sa vie à la mise en scène au théâtre. Elle garde de cette période le goût de l’organisation de l’espace et du placement des éléments les uns par rapport aux autres. La peinture occupe sa vie à partir de 1992, mais il faudra attendre 1996, un an après la mort de son père, pour assister à sa première exposition.

Xenia Hausner travaille à l’acrylique sur divers supports (papier, isorel, plaques d’aluminium), utilise fréquemment la photographie (argentique et numérique), y ajoute des éléments de bois et de papier, les combinant en technique mixte. Les formats de grande taille sont accrochés bas, de manière à ce que les spectateurs se trouvent en vis-à-vis des personnages des tableaux, en dialogue avec eux. A l’étage, l’un des salles présente « Damage » un ensemble d’œuvres présentées en 2011 à l’Art Museum de Shanghai. Souvent le tableau dépasse du cadre de départ fixé par l’artiste qui en repousse ainsi les limites au gré de ses besoins. Pour elle, chaque œuvre est une aventure dont elle ne sait jamais à-priori exactement où elle va la mener.

Le travail de Xenia Hausner s’organise en trois temps. Tout d’abord elle se nourrit d’une foule d’éléments qu’elle amasse au cours de ses voyages et de ses rencontres : photographies, objets divers, échanges et souvenirs. Le deuxième temps est celui de l’atelier où elle photographie ses modèles, essentiellement des femmes, en leur demandant de prendre des poses précises et d’intégrer un décor organisé dans une véritable scénographie. Ces photographies servent ensuite de modèles partiels pour la peinture ou constituent en eux-mêmes des supports qu’elle retravaille à la couleur. Au cours de la mise en place du tableau il lui arrive de mélanger des éléments issus de plusieurs photographies. Certains éléments sont récurrents et reviennent dans plusieurs œuvres. La démarche d’assemblage suit un processus de construction-déconstruction-reconstruction qui, à travers ces mélanges, brouille les pistes et construit du sens à plusieurs niveaux. Elle intègre souvent dans son travail des citations d’autres artistes. On découvre ainsi des références explicites à Franz West (« Aluskulpture »), Jeff Koons (« One Ball Total Equilibrium Tank »), Damien Hirst (« Spot Painting »), Richard Artschwager (« Point d’Exclamation ») ou encore d’autres, plus diffuses. Pour compléter la complexité de la lecture, les titres ne constituent jamais une description ni une illustration de l’œuvre, mais un indice déroutant supplémentaire, relation biaisée ou clin d’œil humoristique, titre de film, d’émission télévisée ou d’air de musique, évènement social : « Rosemaries Baby », « Barcarole », « Hôtel Shanghai », « Nine Eleven », « Blind Date ». L’artiste ne donne pas de clé de lecture, c’est au spectateur d’imaginer et de concevoir la sienne.

Nous sommes face à des portraits, dans des représentations qui s’affranchissent de la couleur et de la forme. La palette a la richesse des tableaux des fauves et l’observation souligne continuellement le décalage de la couleur avec le réel. Les tons sont contrastés, la couleur a parfois un aspect passé puis devient saturée. C’est un régal pour les yeux. Le trait est tantôt puissant, tantôt précis. La retouche sur la photographie est réalisée avec une finesse qui la rend parfois difficile à déceler.

Deux tableaux sont en relation directe avec la mort de son père : « Voyage d’Hiver » et « Mort dans l’Amour ». Cependant, là aussi, elle a demandé à des acteurs de jouer les rôles des personnages. L’organisation de l’espace et des meubles est pensée comme une véritable mise en scène. Il ne s’agit donc pas d’une copie du réel mais d’une reconstruction à partir d’un évènement, rejoué et réorganisé par l’artiste. Même s’il s’agit là d’un évènement personnel, elle ne lui donne pas pour autant une dimension autobiographique.

Dans chaque tableau on retrouve deux ou trois femmes, rarement un homme. Xenia Hausner exprime une ambivalence permanente liée aux ambiances qu’elle créé, aux relations qu’elle sous-entend entre les personnages, aux tensions et fils invisibles qui les lient et les attachent, même si on est ici en dehors du champ du récit. La plupart de ces personnages nous regardent de leurs yeux sans pupilles. Leurs visages ne sont jamais neutres mais puissamment expressifs. Ces regards nous interpellent et nous placent dans une situation qui fait glisser notre statut de spectateur à celui de voyeur. Il se dégage de l’ensemble un érotisme homosexuel qui affleure en permanence, souvent suggéré mais exprimé une seule fois dans « Fièvre ».

Elle se sert de la mise en abîme comme d’un artifice de dialogue. Dans « You and I », le spectateur regarde un tableau qui a été conçu à partir d’une photographie : son regard devient celui de l’artiste. Ce tableau représente une femme de face qui en filme une autre. Le va-et-vient est constant entre photographe et photographié, le spectateur passant d’un rôle à l’autre comme s’il était face à un miroir.

Deux ensembles de photographies, essentiellement en noir et blanc, montrent les modèles à l’atelier et permettent de suivre le cheminement créatif jusqu’au tableau. On y reconnaît tel sujet, telle pose ou élément de décor. Du coup, elle ajoute une couche supplémentaire à l’empilement des sens.

Xenia Hausner induit en permanence un jeu d’identification dans lequel elle brouille les pistes en mêlant le réel et la fiction, en ajoutant des citations à son travail, en plaçant le spectateur en situation de voyeur-acteur, en tissant subtilement les fils d’une mise en abîme qui nous pousse à décaler nos repères. Au-delà d’un formidable jeu de couleur, de l’expressivité de ses portraits, elle construit les éléments d’une fiction non-narrative dans laquelle chacun peut se projeter. Elle superpose les strates signifiantes tout en les emmêlant, dans une mise en perspective et des rebonds qui rappellent les galeries de glaces renvoyant l’image à l’infini. Jusqu’au vertige. C’est superbe.

dimanche 1 avril 2012

Pierre Bonnard chez Beyeler

Mon peintre préféré...
Pierre Bonnard.
L'exposition à la
Fondation Beyeler de Riehen
ne pouvait que me ravir...

Voici le texte de mon article paru dans Transversalles d'avril 2012.

Bonnard l’incandescent


La fondation Beyeler propose jusqu’au 13 mai prochain une exposition qui fera date : Pierre Bonnard. Contemporain de l'impressionnisme, du fauvisme, du cubisme, du surréalisme et de la naissance des abstractions sans pour autant jamais se raccrocher à l'un de ces courants, Pierre Bonnard pourrait être vu comme un magicien de la couleur, mais ce regard serait trop réducteur. Cette exposition, riche de plus de soixante toiles, nous permet d'entrer dans un univers flamboyant et de comprendre un artiste qui évoluait par ses jeux chromatiques, au-delà des frontières des contraintes et des conventions.


Bien que figurant dans de nombreuses collections privées et publiques, les travaux de Pierre Bonnard n’apparaissent que trop récemment dans de grandes expositions. On se souvient du brillant hommage que lui avait rendu la fondation Giannada à Martigny en 1999, celui du Musée d’Art Moderne de la ville de Paris en 2006, de la présentation récente (2011) de la collection Hahnloser au Musée de l’Ermitage de Lausanne. La ville du Cannet a par ailleurs inauguré en 2011 un musée qui lui est consacré. L’exposition de la Fondation Beyeler s’inscrit dans cette ligne, soulignant et renforçant une notoriété que le peintre mérite.

Né en 1867 à Fontenay-aux Roses, près de Paris, Pierre Bonnard se destine d’abord au droit, mais deux ans après avoir passé son bac, il se tourne vers les arts et entre à l’Académie Julian, où il rencontre Paul Sérusier et Maurice Denis. Avec ceux-ci, puis Edouard Vuillard plus tard, il fonde en 1888 le groupe des Nabis (littéralement les prophètes en hébreu), suite au questionnement induit par Le Talisman, un tableau de Paul Gauguin. On dénomma Bonnard le nabi très japonard, en raison de son goût pour les estampes japonaises, dont on retrouvera l’influence par la suite, entre autres dans l’usage des surfaces colorées et de la simplification de la perspective. Le groupe se dissoudra vers 1900 mais aura préfiguré le questionnement de l’art Nouveau.
En 1893 il rencontre Marthe, qu’il épousera en 1925 et qui l’accompagnera durant toute sa vie. S’appelant en réalité Maria Boursin, Marthe figurera dans plus de 380 tableaux. Le mariage avec Marthe provoqua le suicide de Renée Monchaty, autre muse et maîtresse du peintre depuis 1918, mettant ainsi un terme à un ménage à trois qui se situait loin des conventions sociales de l’époque.

En 1912 il fait l’acquisition de « Ma Roulotte », une maison située à Vernon, non loin de Giverny, où il allait souvent voir Claude Monet. Vernon, dont il aimait dessiner et peindre les bords de Seine et la campagne alentour, fut l’un de ses grands lieux d’attache jusqu’en 1939. En 1927, il achète la villa « Le Bosquet » au Cannet sur la Côte d’Azur. Il y vivra jusqu’à sa mort en 1947. Travailleur inlassable, Bonnard remplissait ses carnets d’innombrables croquis et annotations, réflexions sur l’art et la peinture. Toutes ses toiles étaient travaillées à l’atelier durant des mois, voire des années, reprises et retouchées jusqu’à ce que le peintre atteigne la juste expression de sa pensée.

L’exposition de la Fondation Beyeler est organisée en plusieurs thèmes : la rue, la salle à manger, la salle de bains, le miroir, le jeu entre l’intérieur et l’extérieur, le jardin. Conçue comme une maison imaginaire de l’artiste, l’exposition invite le visiteur à découvrir des espaces mais aussi la vision qu’en avait le peintre.
Le thème de la rue est constitué de toiles de la première époque et représente l’animation des croisements parisiens. La palette y est encore dominée par les couleurs froides : bleu et gris de l’ambiance urbaine.
La salle à manger est le thème de la deuxième salle. Espace de vie et de circulation, la salle à manger donne l’occasion à Bonnard d’observer ceux qui l’entourent et de les croquer à travers les petits détails de la vie quotidienne. On y perçoit fréquemment une touche d’humeur et l’organisation de petites scènes imbriquées induisant l’illusion du récit.
Le nu est omniprésent dans la troisième salle, dont le thème est la salle de bain. Que ce soit à travers L’Homme et la Femme (1900) ou encore la longue liste des nus et des bains de Marthe, on ne peut qu’être séduit par le jeu des reflets et des couleurs, la complexité et les audaces de l’organisation chromatique, les ambiances qui s’en dégagent. Marthe, dont on reconnaît toujours la cambrure excessive, y apparaît, curieusement, souvent chaussée.

Pierre Bonnard faisait fréquemment usage de miroirs, que ce soit comme élément de ses toiles ou comme support à ses autoportraits. La quatrième salle est organisée autour de ce thème. Agrandissant l’espace pictural et en même temps le remettant en question, le miroir sert aussi d’artifice. Il permet au peintre de jouer avec les plans en les imbriquant les uns dans les autres, ou de faire disparaître un élément que l’on s’attend à découvrir. Ces audaces peuvent dérouter le spectateur mais s’inscrivent dans la droite ligne de l’affranchissement des contraintes chère à l’artiste.

Les rapports entre extérieur et intérieur constituent le thème de la cinquième salle. La fenêtre est un élément récurrent dans nombre de toiles. Lien entre le dedans et le dehors, la fenêtre permet de montrer les deux sur un même plan tout en définissant leurs limites et leur rencontre. L’invitation à voir le jardin tout en étant dans la maison évolue vers « être dehors tout en étant dedans ». Ce thème illustre la richesse de la vie intérieure du peintre, tout en illustrant ses combats intimes et ses déchirements.

Son interrogation sur la lumière, la couleur et l’espace est constante et traverse son œuvre comme un fil conducteur. C’est cette question qui est au cœur du travail de Bonnard, lequel s’affranchit des conventions et des courants, traçant son sillon, solitaire et inspiré. L'intensité chromatique ne baisse jamais, témoignant d'une constante quête de liberté. Bien au contraire, si l’on met en perspective les tableaux des scènes de rues parisiennes du début et ceux d’après 1915, on est frappé par l’illumination de la palette et l’éblouissement permanent des couleurs. Les sujets se fondent dans leur environnement comme s’ils s’y consumaient tranquillement mais ardemment. C’est le regard du spectateur qui doit faire la part des choses et discerner les personnages noyés dans le feu de la palette. L’apparente tranquillité de Pierre Bonnard, sa vie à l’écart de l’agitation et de laideur du monde, sa quasi réclusion dans sa villa Le Bosquet cachent la réalité d’un homme au bouillonnement intense, habité par ses questions et ses créations. Et plus il se détache du monde, plus ses scènes interrogent l’intime, plus sa palette évoque la couleur de la lave, comme une expression du brasier qui l’habite.
L’exposition de Riehen rend hommage à un artiste dont la notoriété et l’importance sont tardives. A travers sa vision du monde, de son monde, l’infatigable coloriste dépasse la simple limite de la représentation. Ses interrogations et l’exploration continuelle de ses thèmes et de sa palette en font un artiste de premier plan. La Fondation Beyeler lui redonne la place d’importance qu’il mérite, l’exposition parle d’elle-même.