lundi 20 septembre 2010

Trois portraits de cueilleuses dans un champ de thé


Une belle rencontre au bord de la route, quelque part dans le nord de la Thaîlande. La cueillette se fait en même temps que le débroussaillage, d'où l'intérêt de la machette à la ceinture. La tâche est rude, visiblement. Le contact se fait simplement et facilement, et c'est souvent ainsi lorque l'on s'arrête et que l'on reconnaît le travail effectué. .

N'oublions jamais que :

- loin des discours précieux des amateurs d'exotisme, le thé est d'abord un produit agricole

- les travaux d'entretien et de cueillette sont durs et exigent beaucoup d'énergie physique.

Lorsque nous mettons le nez au-dessus d'une tasse, notre première pensée pourrait aussi, de temps à autre, aller à tous ceux qui travaillent durement pour que ces feuilles arrivent jusqu'à nous. Je voulais ici leur rendre cet hommage.

mercredi 15 septembre 2010

Un Yunnan au jardin

Dimanche, grand soleil, journée consacrée au jardinage. Au programme : désherbage, préparation de la terre et repiquage des poireaux. Gourmandise : pommes, pêches des vignes et dernière série de fraises. En prime, une profusion de roses, d'hibiscus, de cosmos en mauve, bleu et orange, les eschscholtzia jaunes, les dahlias et les zinnia. Bref, le pied !
En fin d'après-midi, on décide de s'arrêter et de préparer un thé.
C'est un grand Yunnan "Dian Huong Aiguilles d'Or" qui a été retenu, préparé dans la petite théière blanche et bleue, les tasses japonaises et le plateau laqué noir.
Le temps de faire chauffer l'eau, de préparer le plateau et déjà la météo avait tourné. Quelques nuages étaient venus ternir la belle lumière, le ciel était menaçant mais ce ne fut qu'un petit orage qui nous effleura.
Super, le jardin est arrosé et les poireaux ne demandent pas mieux. L'air sentait la terre mouillée et l'accord avec le Yunnan était parfait, et puis, déguster un thé au sec, sous l'auvent en regardant tomber la pluie, c'est forcément un grand moment. Surtout que la température était restée douce.
Après la pluie, le ciel s'est à nouveau éclairci et nous a gratifié d'un coucher de soleil illuminant les nuages au-dessus de la Forêt Noire.

Finalement, il suffit de peu de choses, mais surtout d'un bon thé, et n'importe quel moment perd de sa banalité et se teinte de grâce.

lundi 13 septembre 2010

Roger Dale, the boxer...

Samedi dernier, à la Robertsau, Robert Dale a oeuvré pour la défense d'un élément du patrimoine qui était voué à disparaître sous les dents de la voracité immobilière. Heureusement qu'un collectif "kartier nord" s'est interposé pour attirer l'attention sur un petit bijou d'architecture et le sauver de la destruction.

Dans la petite orangerie, Roger Dale a réalisé une toile, en une heure, avec des gants de boxe. L'artiste pour qui "la peinture c'est de l'art, l'art c'est la vie et la vie est un combat" a contribué à sa manière à cette belle cause. Bravo !

Robert Dale devant son tableau, enfilant ses gants de boxe.

Prochaines manifestations :

25 et 26 septembre : Joseph Kieffer (installation, photographie et objet explosif) et Isabelle Reff (atelier éphémère pour anagraphodromes).

9 et 10 octobre : Christophe Meyer (dessins marouflés) et Global Warning (saxo et percussions).

Plus d'infos sur http://kartiernord.canalblog.com

Un thé chez George Cannon

Nous avons découvert la splendide maison de thé que les établissements George Cannon ont inauguré à Paris, au 12 rue Notre-Dame-des-Champs dans le 6ème.
Au rez-de-chaussée, on découvre deux espaces, l'un réservé à la vente, l'autre à la dégustation. L'accueil est chaleureux et agréable. On sent tout de suite la compétence et la passion du thé.
Nous en avons profité pour prendre une salade et un sandwiche-club avec un thé vert japonais, très bien préparé.
Au sous-sol, un espace de détente et de massage ainsi qu'un coin réservé à la pratique de la cérémonie japonaise du thé : le chanoyu. Tout y est : les tatamis, les cloisons coulissantes, un micro jardin sec, la bouilloire... Une petite maison de thé, en somme. L'ambiance est recueillie, la sobriété du lieu invite à une belle pratique du thé, un endroit rare comme on les aime. Un lieu qui respire le thé et où le thé respire, sans emphase et sans snobisme. C'est superbe !
Voilà une adresse qui est promise à un bel avenir.
Pour aller sur le site des Ets George Cannon

mercredi 8 septembre 2010

Joe Downing au musée d'Unterlinden, à Colmar

Voici le texte de mon article sur la rétrospective Joe Downing, présentée jusqu'au 31 octobre au Musée Unterlinden à Colmar.
Cet article sera publié dans le prochain numéro de Tranversalles, en septembre.
L'expo est splendide, très bien organisée et finement pensée. Je la recommande vivement car il n'est pas courant de voir autant d'oeuvres de cet artiste trop peu connu du public. Le week-end du 23 au 26 septembre s'annonce d'ailleurs comme un moment fort et dense, au vu des nombreuses interventions qui sont organisées.
Ci-dessous "Et la cathédrale de Strabourg" (1975, huile sur toile)

Un américain à Colmar


Le Musée Unterlinden de Colmar présente jusqu’au 31 octobre prochain la rétrospective « Joe Downing, Un américain en France ». Construite essentiellement à partir des œuvres issues de la collection du musée mais aussi de prêts, l’exposition apporte un éclairage très intéressant au travers d’un parcours construit avec intelligence et finesse, portant un éclairage précis sur celui qui fut l’un des grands représentants de l’abstraction lyrique. Couvrant une cinquantaine d’années et soulignant les tournants essentiels d’un travail marqué par une exploration de la couleur et de la lumière, cette exposition est un véritable régal pour le regard et l’esprit. Le musée organise par ailleurs des temps forts autour de cette exposition, le week-end du 23 au 26 septembre.
C’est grâce à la donation Emmanuel Wardi, faite en 2009 et composée de 124 œuvres, que la collection du musée consacrée à Joe Downing a vraiment gagné en ampleur et en densité. Constitué principalement d’huiles sur papier, sur toile et sur bois, de quelques dessins et collages ainsi que d’autres travaux réalisés sur des supports variés comme la terre cuite, le cuir ou le métal, ce don est venu enrichir une première collection initiée par la Société Schongauer depuis le milieu des années soixante-dix. Les premiers achats, dont une commande pour le musée, témoigne de l’intérêt porté à un artiste peu médiatisé mais reconnu comme l’une des figures de la peinture abstraite américaine de la seconde moitié du vingtième siècle en France.
Ci-dessous "Nonobstant" (1966-67, huile sur toile)
Né en 1925 dans le Kentucky (U.S.A.) Joe Downing découvre l’Europe durant la seconde guerre mondiale. Démobilisé, il retourne aux Etats-Unis et suit des cours d’optométrie, mais étudie également la physique de la lumière et des couleurs, à Chicago. L’Art Institute de la ville le voit passer souvent : il y apprécie les tableaux de Georges Braque, Pablo Picasso, Paul Cézanne et Marc Chagall, et particulièrement « Un Après-midi à la Grande Jatte » (1884-86) de Georges Seurat. La conjonction de ses études et la révélation du pointillisme marquent sa sensibilité de manière profonde et constituent parmi les principaux jalons de sa vocation. Au-delà de son goût pour le post-impressionnisme, il admire aussi les mosaïques byzantines et le travail du vitrail. Ces influences se retrouveront tout au long de son œuvre. Parallèlement à ses études, il suit des cours du soir à l’Art Institute et finalement, au lieu de choisir la pratique médicale, bifurque vers la peinture. En 1950, il part à Paris, pôle d’attraction du milieu artistique d’après-guerre, pour un court séjour de quelques mois. Il s’installera définitivement en France dés cette époque, à l’instar de nombreux artistes étrangers. Dés 1952 il expose à Paris à la Galerie Huit et se verra encouragé par Picasso pour sa production. L’année suivante c’est Paul Fachetti qui le présente, juste après Jackson Pollock. Sa notoriété se développe rapidement et la reconnaissance internationale ne se fait pas attendre. En 1968, il achète une maison à Ménerbes, dans le Lubéron, et en fait sa seconde résidence, jusqu’à sa mort en 2007.

Le parcours de l’exposition suit une organisation chronologique et permet d’appréhender l’ensemble du parcours de Joe Downing. Elle démarre au début des années cinquante par les premières huiles sur des cartons de stencils que l’artiste récupérait pour en faire ses supports. Ses premières peintures sont encore figuratives, mais on sent déjà chez l’artiste le besoin de l’exploration de la matière. Il produit aussi une série de collages et d’agrafages, qui, exposés en 1955, le feront connaître par son apport à l’abstraction. A cette époque il se tourne aussi vers la peinture sur toile, qu’il travaille horizontalement au couteau, au rasoir ou au doigt. Ses travaux sont fortement inspirés des vitraux des cathédrales, par la richesse et l’harmonie des couleurs mais aussi à travers la très forte structuration des toiles, marquées par des lignes verticales, à la manière d’une trame.

Dans les années soixante et soixante-dix, il passe progressivement au pinceau et travaille verticalement. Tout en poursuivant son exploration de l’abstraction, il évolue vers une peinture plus précise, plus élaborée, grâce à l’utilisation, entre autres, de glacis légers. Il joue subtilement avec les accords de couleurs et insuffle à ses toiles un mouvement, un frémissement issu des touches juxtaposées. La structure y est toujours présente et la multiplicité des taches colorées, ce caractère si particulier du travail de Joe Downing, nous renvoie directement à la mosaïque et au divisionnisme.
Ci-dessous "La porte de Marguerite Tamisier" (1982, panneau de bois assemblé et peint)

Joe Downing poursuit son travail d’exploration, et, à partir de 1964 se tourne vers un nouveau support : le cuir, peint puis cloué sur du bois. Il apprécie ce matériau peu commun dans la peinture pour sa stabilité et sa bonne tenue. Il lui apporte en outre une souplesse dans l’agencement de ses travaux et une forme de respiration, de détente presque, lorsque le labeur sur la toile appelle une alternative. Il créé ainsi une série de grandes pièces de bois recouvertes de cuirs peints ou non, à l’aspect totémique. A la même époque, il investit également d’autres supports : portes, volets, tuiles de terre cuite. L’exposition nous en propose plusieurs ainsi qu’un exceptionnel ensemble carreaux en terre cuite peints qui était maçonné dans sa demeure de Ménerbes. Pour permettre sa présentation, cet ensemble de carreaux à du être démonté puis reconstitué sur un cadre fixe. Dans ses dernières peintures des années 2000, il reste fidèle à son travail et poursuit son exploration de la couleur et de la lumière.
Ci-dessous, sans titre et sans date ( huile sur cuir peint et clouté sur bois)Une dernière petite salle montre un aspect méconnu du peintre : son goût pour la poésie. Dans les vitrines sont présentés les publications de plusieurs recueils de ses textes, comprenant, entre autres, des illustrations à l’aquarelle. Enfin, un petit film de 14 minutes réalisé par Claude Guibert en 2001 permet d’entendre Joe Downing parlant de son travail.
L'artiste avait souhaité qu’une partie de ses œuvres restent en France et puissent être présentées au grand public. Avec cette exposition, c’est chose faite. Par ailleurs une très grande part de sa production est retournée aux Etats Unis où un musée lui est consacré dans le Kentucky.
Cette rétrospective Joe Downing apporte un éclairage fin et complet sur le travail d’un artiste qui n’a eu de cesse d’explorer, les couleurs, la lumière, mais aussi l’espace et les supports. Le parcours est agréable et cohérent, conçu avec beaucoup de finesse et de sensibilité. Il permet d’appréhender le travail de l’artiste sous ses multiples facettes et de pénétrer dans un univers foisonnant et subtil, où même l’immobile semble animé d’un mouvement et d’une vie intérieure.

Le musée organise, du 23 au 26 septembre, une série de temps forts autour de l’exposition qui permettront au visiteur de découvrir ou d’approfondir l’œuvre et la vie de Joe Downing. Films, conférences, visites guidées, lecture de poèmes par des comédiens, ateliers d’écriture et du regard se succéderont et permettront d’apporter un éclairage supplémentaire.

mercredi 1 septembre 2010

Mais où va le thé vert .?

J'avais entendu parler des thés prêts à boire, au Japon ou à Taïwan. Eh bien j'en ai trouvé un en Thaïlande, dans un magasin "seven eleven", célèbre chaîne à la mode visant une clientèle jeune.
La petite bouteille se trouvait dans un frigo-présentoir de boissons fraîches et l'inscription sur l'étiquette a tout de suite accroché mon regard... Matcha, eau minérale ? De retour à l'hôtel, je me suis empressé de le préparer en suivant le mode d'emploi, puis j'ai goûté...

Sous le petit carton est accroché un sachet. Dans ce sachet, un autre petit sachet contenant le matcha...
Pas très vert, pas très frais, un peu terne...
En dessous, le mode d'emploi. Même si on ne lit pas le thaï on comprend...
Ouvrir le sachet, verser dans la bouteille, fermer puis secouer dans tous les sens.
Avant de secouer, la poudre de thè se mélange à l'eau...
Après avoir secoué, voilà ce que ça donne...

Honnêtement, le résultat n'est pas inoubliable, pour ne pas dire pas terrible du tout. C'est juste une boisson "goût thé vert", sans aucune ambition, sans aucun charme. Les amateurs de Japon et de chanoyu peuvent s'arracher les cheveux et Sen No Rikyu doit se retourner dans sa tombe.

Ca valait le coup d'être essayé, au moins par curiosité. Jusqu'où ira le marketing pour faire des affaires en exploitant la réputation du thé vert ?