dimanche 13 septembre 2009

Van Gogh et Giacometti

La semaine dernière je suis allé voir deux belles expos : "Van Gogh : entre terre et ciel" au Kunstmuseum de Bâle puis Alberto Giacometti à la Fondation Beyeler à Riehen.

Deux artistes d'exception, deux visions différentes du monde et bien sûr deux modes d'expression, deux techniques, etc... bref, tout les sépare et pourtant.... Comment ne pas faire le lien entre le coup de pinceau tourmenté de Van Gogh et les personnages filiformes à la surface mal dégrossie de Giacometti.

A la première expo, on passe d'un chef d'oeuvre à un autre, et cette peinture est si puissante, si remuante, que beaucoup de spectateurs ont oublié de passer à l'étage inférieur où, en contrepoint à Van Gogh, on pouvait voir nombre de ses inspirateurs : . La mise en perspective était réellement intéressante, et il fut vraiment dommage de passer à côté. Mais il faut croire que cette peinture accapare tellement qu'elle empêche le spectateur de base de voir le reste... Ou alors, l'attrait du nom est puissant (commerce, pub, marketing...) au point d'occulter ce qui l'entoure. Il en a été de même pour le splendide "Stabile" de Calder accroché dans la cage d'escalier, sans doute tellement imposant qu'il en était devenu invisible...

Petits bémols : la direction du musée aurait du réguler le nombre de spectateurs présents à l'expo, cela aurait évité les attroupements dans les salles qui empêchaient de voir correctement les oeuvres. L'audioguide est sans doute une bonne chose, mais il force bon nombre de spectateurs à rester de longs moments devant les toiles, dérangeant du coup les suivants. Par ailleurs, les reflets sur les vitres de protection ainsi que des éclairages drôlement disposés, gênant considérablement la visibilité.

Par contre à la Fondation Beyeler, on se rend compte à quel point l'espace est un luxe bien agréable. La luminosité dans le bâtiment conçu par Renzo Piano est parfaite. Giacometti prend ici une tout autre dimension. Que d'intelligence dans la présentation, pour un bonheur intact. Une découverte fut celle de la peinture de la prmière époque où Giacometti utilisait une palette très colorée, rappelant parfois celle des fauves, mais avec plus de douceur. Une seconde découverte : la sculpture "Le chien". Que l'on ne s'y trompe pas, ce n'est pas un chien errant, maigre et à l'air abattu, écrasé par son destin. Je suis certain que Giacometti a pris pour modèle un lévrier Saluki. Tout correspond : les longues oreilles, le museau allongé, le thorax bombé et le ventre fin, le panache de la queue et les touffes de poils derrière les membres fins et longs, les pattes prêtes à accrocher le sol, les côtes saillantes, l'aspect général du chien qui fait croire qu'il souffre de sous-nutrition tant il semble maigre. Mais au-delà de ces aspect techniques correspondant au standard du chien, l'artiste à su illustrer la nonchalance de l'animal, l'élasticité de sa démarche, cette fameuse notion de "ressort" lui conférant son élégance et son exceptionnelle esthétique.

Le cheminement dans le reste de la collection nous a permis d'admirer l'exceptionnelle collection de masques et de sculptures d'art primitif. Une pure merveille.

Un sincha au pied de l'Ortenbourg

Aujourd'hui, temps splendide, soleil accroché au ciel bleu, journée idéale pour aller faire une ballade dans le massif des Vosges. Avec des amis, nous sommes allés marcher un peu, histoire de faire un pique-nique du côté du château de l'Ortenbourg. Nous avons démarré à Dieffenthal puis avons pris par les rochers celtes (jolie pierre à cupule à l'endroit où a lieu chaque année le "Schieweschlaave", vieille tradition consistant à lancer à travers la nuit des disques de bois enflammés, imitant la course du soleil, encore un reste de tradition celtique...).
Quel bonheur ! Une forêt merveilleuse, la lumière déjà moins haute que cet été, donnant un relief différent à la végétation et aux rochers. Des parfums enivrants de sous-bois sec, avec par moments des notes provenant des nombreux pins qui poussent là, mélangés aux chênes et autres feuillus.
Arrivés au château après 1h30 de marche, c'est carrément le pied ! Des échappées visuelles sur la plaine d'Alsace ou encore sur le château du Ramstein en contrebas.
Pour le pique-nique, saucisse de Morteau cuite, Presskopf, salade de pommes de terre, tomates (huile d'olive de Crète, fleur de sel, basilic frais), fromage de chèvre, poire... Quel festin ! Pour terminer le repas, un sincha 2009, préparé dans une théière chinoise en céramique avec de jolies petites tasses. Léger et frais, notes de légumes verts (coeur d'artichaut, pointe d'asperge verte) et d'amandes fraîches. Un régal !

jeudi 10 septembre 2009

Petit matin de septembre

Les ombres émergent de la brume,
Paysage qui s'étire
Sous le soleil matinal
L'ouate vaporeuse
Enveloppe les rêves
De la nuit qui fond
Sous ses rayons
La campagne est une banquise
Figée dans les glaces
Des rêves endormis

Prochainement à la Choucrouterie !

La Choucrouterie est un une petite salle strasbourgeoise qui produit chaque année une revue (succulente et truculente, deux versions l'une en alsacien, l'autre en français) de cabaret satirique mais aussi des pièces de théâtre traitant de près ou de loin de l'Alsace, de l'identité, de la résistance à la bêtise humaine, des bonnes et belles choses, mais aussi d'autres plus graves. On y rit, on s'y questionne, on peut aussi y manger et y boire un coup. De grands esprits s'y retrouvent autour de Roger Siffer qui en est l'un des piliers principaux et essentiels. Vous ne connaissez pas l'endroit ? Grave lacune que je vous souhaite passagère, ce haut lieu culturel changera votre vie, ne serait-ce que l'espace d'une soirée.
Vous trouverez ci-après mon dernier article à paraître dans le prochain numéro d'Hebdoscope (la semaine prochaine).

Vive la crise !
La Choucrouterie démarre la saison nouvelle avec « L’Alsace est morte, vive la crise », de et avec Patrice Muller, du 17 septembre au 11 octobre prochain. Une manière d’ouvrir le bal en calant dans l’actualité la danse des vieilles rengaines en isme : particularisme, régionalisme, alsacianisme et d’autres encore, mais sans tomber dans ces débats qui nous rappellent le siècle passé. L’Alsace vit maintenant au rythme du tram et du TGV, la mondialisation universalise la crise et les questions identitaires évoluent, malgré tout, passant de l’économie à la société et à la famille.

Patrice Muller, digne fils de Germain Muller et Dinah Faust, n’est pas tout à fait un inconnu au 20 de la rue St Louis puisqu’il a signé l’an passé quelques sketches de la Revue. Les plumes locales n’étant pas légion, il a ensuite été sollicité par la Chouc’ pour écrire une pièce en français, en rapport avec l’Alsace mais ne traitant pas nécessairement de son identité, comprenant une dose non négligeable d’humour, sans cependant tomber dans le style du cabaret satirique.
« L’Alsace est morte, vive la crise » propose, en une succession de quinze tableaux, de porter un regard oblique sur le quotidien, avec des questions inattendues, des réflexions qui dérangent, des remarques amenant le décalage. Si dans le titre, l’auteur affirme que l’Alsace est morte, c’est surtout pour affirmer que tout a été dit et redit sur la question régionale, sur l’identité et la culture et que ces domaines ont été maintes fois explorés. Il n’est donc pas indispensable de sortir les vielles histoires de la naphtaline et de se complaire dans des évocations nostalgiques d’un âge d’or révolu. La crise, par contre, est plus vivante que jamais. Touchant tous les domaines de la vie quotidienne, elle dérange nos certitudes et rend nos lendemains incertains. Dans la pièce, son rôle est celui du prétexte, du révélateur qui donne la couleur à la toile de fond, de la porte qui permet d’accéder à ces vies anonymes face à un environnement dont les règles évoluent trop vite.

Patrice Muller partage la scène avec Maud Galet-Lalande et Franck Lemaire, dans les rôles respectifs du père et de ses deux enfants. Ils incarnent ces destins face à un avenir aux contours flous et aux données perpétuellement en mouvement. Leur questionnement les renvoie vers les liens qui les unissent et les relations qui en découlent. La crise passe du plan économique à celui des rapports humains et sociaux, mettant en évidence leurs fragilités et soulignant leurs failles. Les décalages générationnels craquèlent le vernis familial et les fissures apparaissent, irrémédiablement.
Les trois comédiens interprètent plusieurs rôles, dans un jeu d’écriture qui les ramènent en-deçà de leurs personnages, projetant leurs propres vies dans cette trame mouvante, parfois irréelle. On y croise ainsi une institutrice, une chômeuse, un cosmonaute, un fou chantant, et tout ce beau monde se croise, se cherche, se perd, se retrouve… en bref, ça vit ! Cependant, même si le texte reste réaliste, il nous propose quelques rencontres improbables qui lui apportent la juste dose de poésie, la part de rêve qui rend tous les avenirs possibles. Le ton en est souvent fantaisiste voire ironique et drôle, mais les mots y conservent néanmoins leur part de gravité.
La scène de la Chouc’, avec la proximité qu’elle offre au public, promet là une pièce originale sortant des sentiers battus, riche en décalages et en émotions, où l’absurde côtoie le réel, avec humour et tendresse.

Pour aller sur le site de la Chouc' cliquez sur http://www.theatredelachouc.com/

mercredi 26 août 2009

Le cloître du Musée d'Unterlinden



Pour les amateurs de belles choses, d'endroits qui vibrent et qui ressourcent, quelques photos du cloître du Musée d'Unterlinden à Colmar.

mardi 25 août 2009

Le Bonnard de Colmar

Je ne me souvenais plus que le Musée d'Unterlinden à Colmar possèdait un magnifique tableau de Pierre Bonnard. Il s'agit de "Paysage normand" (huile sur toile) peint en 1920.
L'artiste (1867 - 1947) développe ici la richesse de la palette qui le caractérise. La couleur est fabuleuse : le ciel, les arbres et le sol sont traités dans une déclinaison de bleus qu fait rêver, la maisons à gauche et la vache (veau ?) du premier plan, en orange, équilibrent les masses, les lignes tracées par les branches et la végétation structurent fortement la composition. Le plus important, ici, est bien la couleur et l'atmosphère rendue, davantage que la précision du dessin, la perspective ou les proportions. On a la sensation que tout le tableau glisse doucement vers la droite, les lignes formées par les arbres pouvant être comparées à des jaillissements, des gerbes d'étincelles.
Tout ici respire le printemps, par une belle journée ensoleillée.
En y regardant de plus près, on distingue à quel point le peintre ose le mariage des teintes : végétation vert véronèse cerclée de jaune, touches orange, violette, jaunes ou bleues dans le pré, barrière brune striée de jaune et de vert. La branche fleurie du haut du tableau (pommier ?) donne le sentiment de regarder la scène par une fenêtre naturelle, la vache (ou le veau ?) y gagne un forme de curiosité pour le peintre dessinant sans doute à l'ombre (au moins pour les esquisses, car Bonnard travaillait toujours la couleur dans son atelier). Du coup, à travers le regard du peintre, le spectateur du tableau prend quasiment sa place. Ce coup d'oeil intrusif nous donne alors un aspect un peu voyeur de cette scène buccolique et paisible.
Prière de ne pas déranger...
Quel bonheur !

jeudi 20 août 2009

Paysage au petit matin...

Tôt le matin, le soleil est à peine levé, tout respire encore la fraîcheur de la nuit et la brume légère est encore amarrée près du sol.
Le paysage est fantomatique, presque irréel...
Il a l'air endormi, mais ce n'est qu'une impression.
J'ai croisé un chevreuil dans les vignes. Immobiles, nous nous sommes regardés, puis il a poursuivi son chemin, tranquille. Il respirait la paix. En quelques secondes, il s'est fondu dans la végétation...
Cette image appelle une musique : le "Magnificat" (1989) extrait de Choral Works de Arvo Part par le King's College Choir of Cambridge.