mardi 29 septembre 2009

Le pied...

Au cours d'une petite ballade à Châtenois (Bas-Rhin) , nous avons fait un tour du côté des remparts et de l'église. Le coin est superbe et les vieilles pierres vraiment intéressantes. Nous avons aussi vu cette drôle de chaussure en bois plein, fixée au-dessus du linteau d'une porte.Forme immobile qui n'a jamais arpenté aucun chemin ni escaladé aucune montagne... On imagine facilement qu'ici a travaillé un cordonnier ou un bottier. Dernière trace visible de son activité, mémoire discrètement affichée. Il y a là-dedans l'évocation d'un savoir-faire mais aussi aussi d'un goût, d'une élégance. Le pied !

lundi 21 septembre 2009

Petite adresse sympa

Nous avons trouvé une petite adresse sympa samedi dernier à Colmar. Ca s'appelle Le Palais des Anges et c'est situé dans une jolie petite maison à colombage Quai de la Poissonnerie.
L'intérieur est tout en longueur, la déco est très agréable et l'ambiance cool, mêlant habilement le bois et des meubles classiques, à l'esprit un peu baroque. A l'étage, on découvre une jolie terrasse, coupée du monde et très intimiste.La carte est originale, allant du curry de gambas au jambonneau sur lit de choucroute. Nous avons essayé les deux plats, ils sont excellents. La carte des vins est très correcte et on peut être servi au verre. La carte des thés gagnera à être travaillée et enrichie, à suivre... Au final, l'addition n'est pas méchante et le patron, assez jeune, efficace et discret.
Nous avons passé là un bon moment. A conseiller.

jeudi 17 septembre 2009

Charles Lapicque le dérangeur

Voici mon dernier article, à paraître dans le prochain numéro d'Hebdoscope (25 septembre).

Le dérangeur de génie
Le Musée Unterlinden de Colmar présente, jusqu'au 12 octobre encore, des peintures et dessins de Charles Lapicque. Une invitation à découvrir à travers une soixantaine de tableaux et une trentaine de dessins, l'œuvre d'un artiste méconnu, qui a traversé le vingtième siècle sans jamais être enfermé dans un courant dominant. Cette exposition est organisée conjointement avec le musée de l’Hospice Saint-Roch à Issoudun et le musée de l’Abbaye Sainte-Croix aux Sables d’Olonne. Né à la fin d’un siècle, Charles Lapicque (1898 – 1988) ne se destine pas aux beaux-arts. Ingénieur de formation, sa carrière est celle d'un scientifique, centralien, spécialiste de la distribution de l'énergie électrique. Passionné d'optique, il soutient même une thèse en 1938 sur la vision et le contraste des couleurs. C'est au début un artiste qui peint par plaisir, jouant avec la toile et les pinceaux dans une approche plus ludique que réfléchie. Suite à sa première exposition à la galerie parisienne Jeanne-Bucher en 1928, il décide de se consacrer à la peinture. Très rapidement, il mettra en application ses théories sur la vision des couleurs et des contrastes, allant à l'encontre des pratiques établies, réservant les tons bleus aux premiers plans et plaçant les rouges et les orange en arrière plan. Autodidacte, il est aussi indépendant et ne s'attachera jamais à l'école du moment ou aux tendances majoritaires. En 1941, il est l'un des membres éminents du groupe des Jeunes Peintres de Tradition Française. A ce titre, il influencera de jeunes artistes comme Tal Coat, Manessier ou Bazaine.
Charles Lapicque n'est pas le peintre d'un seul style. Il se démarque tout au long de son travail par un décalage constant, même si on reconnaît dans ses œuvres l'influence du Fauvisme, du Cubisme ou encore celle de peintres comme Henri Matisse, Raoul Dufy ou Nicolas de Staël, même si parfois il nous renvoie à l’Art Brut et aux Surréalistes. Sa peinture est à contrecourant : alors que dans les années quarante, l'abstraction domine, il revient à la figuration. Ses thèmes varient également, passant de la nature morte (les nappes) aux thèmes historiques classiques (les mythes de l’Antiquité), des scènes sportives (tennis et équitation) aux bords de mer et aux bateaux (il fut à partir de 1948 Peintre agréé de la Marine et le resta pendant une quinzaine d’années). Cependant si les sujets sont classiques, ils sont toujours traités dans un esprit d’avant-garde. Rejetant les formalismes, maniant sa palette et ses crayons avec humour, voire avec causticité, guidé par son goût de l’exploration issu de sa formation scientifique, curieux de tout mais enfermé nulle part, Charles Lapicque est un artiste hors-cadre. Se nourrissant de tout et testant sans relâche, il décale et déplace le regard, forçant le spectateur à la réflexion, le déstabilisant par ses questions. Il invite le spectateur à sortir des sentiers battus et à prendre des chemins de traverse, même si parfois on peut y croiser la route d’autres artistes. En fait, son incessant décalage le place en situation de précurseur, à la fois du Pop Art, du Nouveau Réalisme et de la Nouvelle Figuration. La soixantaine de tableaux présentés à l’exposition, dont beaucoup sont issus de collections privées, permet de retracer avec justesse et clarté les moments forts de sa carrière, soulignant avec efficacité les étapes de son évolution, illustrant richement les divers thèmes traités. « Chasse au tigre » (huile sur toile, 1961), « L’embarquement pour Cythère » (huile sur toile, 1981) ou encore « Régates à basse mer » (huile sur toile, 1951) en sont à l’évidence des points remarquables, mais chez cet artiste les ruptures sont tellement fréquentes et marquées que près d’un tiers des œuvres exposées pourraient en constituer des jalons. Autant les « Figures » (huile sur papier, 1944) font écho aux Arts Premiers, autant la série des « Lagunes bretonnes » de 1959 frappent par leur douceur, autant « Désert » (acrylique sur toile, 1975) ou « La course de cavaliers » (acrylique dur toile, 1976) sont remarquable par leur vision synthétique et la force de leur construction. La palette est toujours d’une richesse étonnante, mêlant la puissance du trait à la sensualité brute des couleurs et de leur usage. La série de dessins à l’encre ou à la mine de plomb est à apprécier en regard des collections médiévales du musée d’Unterlinden, les danses macabres et les crucifixions nous renvoyant aux primitifs rhénans. Sa passion pour l’anatomie est ici visible à travers les organes enchevêtrés et les re-constructions qu’il effectue. Charles Lapicque est un artiste du cheminement, suivant toujours deux directions autonomes. Il nous invite à sortir des chemins usés par les foules et à pénétrer dans un monde où règnent une couleur sensuelle, un mouvement décomposé en éléments simultanés, un langage qui à travers la toile nous propose à la fois l’expérimentation du physicien et l’imaginaire du peintre.
Inclassable et de ce fait dérangeant, il est l’empêcheur-de-tourner-en-rond de la création artistique, ne se trouvant jamais là où on l’attend, surgissant ailleurs avec ses questions, avec son regard oblique, remettant en permanence le travail et sa réflexion sur l’ouvrage. L’évolution des courants artistiques n’a jamais été une rivière tranquille mais bien une succession d’avancées audacieuses et de ruptures fortes, Charles Lapicque est de ceux qui donnent des coups-de-pieds dans les fourmilières pour éviter que leurs sociétés ne s’y endorment. A travers ses propositions, passant de l’observation à sa transcription sensible, il interroge le sens du monde et observe inlassablement sa cohérence.
Illustrations, de haut en bas : "Force 8", "Danse macabre","Lagune en Bretagne", Danse macabre","Gendarme", "Lagune en Bretagne".

dimanche 13 septembre 2009

Van Gogh et Giacometti

La semaine dernière je suis allé voir deux belles expos : "Van Gogh : entre terre et ciel" au Kunstmuseum de Bâle puis Alberto Giacometti à la Fondation Beyeler à Riehen.

Deux artistes d'exception, deux visions différentes du monde et bien sûr deux modes d'expression, deux techniques, etc... bref, tout les sépare et pourtant.... Comment ne pas faire le lien entre le coup de pinceau tourmenté de Van Gogh et les personnages filiformes à la surface mal dégrossie de Giacometti.

A la première expo, on passe d'un chef d'oeuvre à un autre, et cette peinture est si puissante, si remuante, que beaucoup de spectateurs ont oublié de passer à l'étage inférieur où, en contrepoint à Van Gogh, on pouvait voir nombre de ses inspirateurs : . La mise en perspective était réellement intéressante, et il fut vraiment dommage de passer à côté. Mais il faut croire que cette peinture accapare tellement qu'elle empêche le spectateur de base de voir le reste... Ou alors, l'attrait du nom est puissant (commerce, pub, marketing...) au point d'occulter ce qui l'entoure. Il en a été de même pour le splendide "Stabile" de Calder accroché dans la cage d'escalier, sans doute tellement imposant qu'il en était devenu invisible...

Petits bémols : la direction du musée aurait du réguler le nombre de spectateurs présents à l'expo, cela aurait évité les attroupements dans les salles qui empêchaient de voir correctement les oeuvres. L'audioguide est sans doute une bonne chose, mais il force bon nombre de spectateurs à rester de longs moments devant les toiles, dérangeant du coup les suivants. Par ailleurs, les reflets sur les vitres de protection ainsi que des éclairages drôlement disposés, gênant considérablement la visibilité.

Par contre à la Fondation Beyeler, on se rend compte à quel point l'espace est un luxe bien agréable. La luminosité dans le bâtiment conçu par Renzo Piano est parfaite. Giacometti prend ici une tout autre dimension. Que d'intelligence dans la présentation, pour un bonheur intact. Une découverte fut celle de la peinture de la prmière époque où Giacometti utilisait une palette très colorée, rappelant parfois celle des fauves, mais avec plus de douceur. Une seconde découverte : la sculpture "Le chien". Que l'on ne s'y trompe pas, ce n'est pas un chien errant, maigre et à l'air abattu, écrasé par son destin. Je suis certain que Giacometti a pris pour modèle un lévrier Saluki. Tout correspond : les longues oreilles, le museau allongé, le thorax bombé et le ventre fin, le panache de la queue et les touffes de poils derrière les membres fins et longs, les pattes prêtes à accrocher le sol, les côtes saillantes, l'aspect général du chien qui fait croire qu'il souffre de sous-nutrition tant il semble maigre. Mais au-delà de ces aspect techniques correspondant au standard du chien, l'artiste à su illustrer la nonchalance de l'animal, l'élasticité de sa démarche, cette fameuse notion de "ressort" lui conférant son élégance et son exceptionnelle esthétique.

Le cheminement dans le reste de la collection nous a permis d'admirer l'exceptionnelle collection de masques et de sculptures d'art primitif. Une pure merveille.

Un sincha au pied de l'Ortenbourg

Aujourd'hui, temps splendide, soleil accroché au ciel bleu, journée idéale pour aller faire une ballade dans le massif des Vosges. Avec des amis, nous sommes allés marcher un peu, histoire de faire un pique-nique du côté du château de l'Ortenbourg. Nous avons démarré à Dieffenthal puis avons pris par les rochers celtes (jolie pierre à cupule à l'endroit où a lieu chaque année le "Schieweschlaave", vieille tradition consistant à lancer à travers la nuit des disques de bois enflammés, imitant la course du soleil, encore un reste de tradition celtique...).
Quel bonheur ! Une forêt merveilleuse, la lumière déjà moins haute que cet été, donnant un relief différent à la végétation et aux rochers. Des parfums enivrants de sous-bois sec, avec par moments des notes provenant des nombreux pins qui poussent là, mélangés aux chênes et autres feuillus.
Arrivés au château après 1h30 de marche, c'est carrément le pied ! Des échappées visuelles sur la plaine d'Alsace ou encore sur le château du Ramstein en contrebas.
Pour le pique-nique, saucisse de Morteau cuite, Presskopf, salade de pommes de terre, tomates (huile d'olive de Crète, fleur de sel, basilic frais), fromage de chèvre, poire... Quel festin ! Pour terminer le repas, un sincha 2009, préparé dans une théière chinoise en céramique avec de jolies petites tasses. Léger et frais, notes de légumes verts (coeur d'artichaut, pointe d'asperge verte) et d'amandes fraîches. Un régal !

jeudi 10 septembre 2009

Petit matin de septembre

Les ombres émergent de la brume,
Paysage qui s'étire
Sous le soleil matinal
L'ouate vaporeuse
Enveloppe les rêves
De la nuit qui fond
Sous ses rayons
La campagne est une banquise
Figée dans les glaces
Des rêves endormis

Prochainement à la Choucrouterie !

La Choucrouterie est un une petite salle strasbourgeoise qui produit chaque année une revue (succulente et truculente, deux versions l'une en alsacien, l'autre en français) de cabaret satirique mais aussi des pièces de théâtre traitant de près ou de loin de l'Alsace, de l'identité, de la résistance à la bêtise humaine, des bonnes et belles choses, mais aussi d'autres plus graves. On y rit, on s'y questionne, on peut aussi y manger et y boire un coup. De grands esprits s'y retrouvent autour de Roger Siffer qui en est l'un des piliers principaux et essentiels. Vous ne connaissez pas l'endroit ? Grave lacune que je vous souhaite passagère, ce haut lieu culturel changera votre vie, ne serait-ce que l'espace d'une soirée.
Vous trouverez ci-après mon dernier article à paraître dans le prochain numéro d'Hebdoscope (la semaine prochaine).

Vive la crise !
La Choucrouterie démarre la saison nouvelle avec « L’Alsace est morte, vive la crise », de et avec Patrice Muller, du 17 septembre au 11 octobre prochain. Une manière d’ouvrir le bal en calant dans l’actualité la danse des vieilles rengaines en isme : particularisme, régionalisme, alsacianisme et d’autres encore, mais sans tomber dans ces débats qui nous rappellent le siècle passé. L’Alsace vit maintenant au rythme du tram et du TGV, la mondialisation universalise la crise et les questions identitaires évoluent, malgré tout, passant de l’économie à la société et à la famille.

Patrice Muller, digne fils de Germain Muller et Dinah Faust, n’est pas tout à fait un inconnu au 20 de la rue St Louis puisqu’il a signé l’an passé quelques sketches de la Revue. Les plumes locales n’étant pas légion, il a ensuite été sollicité par la Chouc’ pour écrire une pièce en français, en rapport avec l’Alsace mais ne traitant pas nécessairement de son identité, comprenant une dose non négligeable d’humour, sans cependant tomber dans le style du cabaret satirique.
« L’Alsace est morte, vive la crise » propose, en une succession de quinze tableaux, de porter un regard oblique sur le quotidien, avec des questions inattendues, des réflexions qui dérangent, des remarques amenant le décalage. Si dans le titre, l’auteur affirme que l’Alsace est morte, c’est surtout pour affirmer que tout a été dit et redit sur la question régionale, sur l’identité et la culture et que ces domaines ont été maintes fois explorés. Il n’est donc pas indispensable de sortir les vielles histoires de la naphtaline et de se complaire dans des évocations nostalgiques d’un âge d’or révolu. La crise, par contre, est plus vivante que jamais. Touchant tous les domaines de la vie quotidienne, elle dérange nos certitudes et rend nos lendemains incertains. Dans la pièce, son rôle est celui du prétexte, du révélateur qui donne la couleur à la toile de fond, de la porte qui permet d’accéder à ces vies anonymes face à un environnement dont les règles évoluent trop vite.

Patrice Muller partage la scène avec Maud Galet-Lalande et Franck Lemaire, dans les rôles respectifs du père et de ses deux enfants. Ils incarnent ces destins face à un avenir aux contours flous et aux données perpétuellement en mouvement. Leur questionnement les renvoie vers les liens qui les unissent et les relations qui en découlent. La crise passe du plan économique à celui des rapports humains et sociaux, mettant en évidence leurs fragilités et soulignant leurs failles. Les décalages générationnels craquèlent le vernis familial et les fissures apparaissent, irrémédiablement.
Les trois comédiens interprètent plusieurs rôles, dans un jeu d’écriture qui les ramènent en-deçà de leurs personnages, projetant leurs propres vies dans cette trame mouvante, parfois irréelle. On y croise ainsi une institutrice, une chômeuse, un cosmonaute, un fou chantant, et tout ce beau monde se croise, se cherche, se perd, se retrouve… en bref, ça vit ! Cependant, même si le texte reste réaliste, il nous propose quelques rencontres improbables qui lui apportent la juste dose de poésie, la part de rêve qui rend tous les avenirs possibles. Le ton en est souvent fantaisiste voire ironique et drôle, mais les mots y conservent néanmoins leur part de gravité.
La scène de la Chouc’, avec la proximité qu’elle offre au public, promet là une pièce originale sortant des sentiers battus, riche en décalages et en émotions, où l’absurde côtoie le réel, avec humour et tendresse.

Pour aller sur le site de la Chouc' cliquez sur http://www.theatredelachouc.com/