La semaine dernière je suis allé voir deux belles expos : "Van Gogh : entre terre et ciel" au Kunstmuseum de Bâle puis Alberto Giacometti à la Fondation Beyeler à Riehen.
Deux artistes d'exception, deux visions différentes du monde et bien sûr deux modes d'expression, deux techniques, etc... bref, tout les sépare et pourtant.... Comment ne pas faire le lien entre le coup de pinceau tourmenté de Van Gogh et les personnages filiformes à la surface mal dégrossie de Giacometti.
A la première expo, on passe d'un chef d'oeuvre à un autre, et cette peinture est si puissante, si remuante, que beaucoup de spectateurs ont oublié de passer à l'étage inférieur où, en contrepoint à Van Gogh, on pouvait voir nombre de ses inspirateurs : . La mise en perspective était réellement intéressante, et il fut vraiment dommage de passer à côté. Mais il faut croire que cette peinture accapare tellement qu'elle empêche le spectateur de base de voir le reste... Ou alors, l'attrait du nom est puissant (commerce, pub, marketing...) au point d'occulter ce qui l'entoure. Il en a été de même pour le splendide "Stabile" de Calder accroché dans la cage d'escalier, sans doute tellement imposant qu'il en était devenu invisible...
Petits bémols : la direction du musée aurait du réguler le nombre de spectateurs présents à l'expo, cela aurait évité les attroupements dans les salles qui empêchaient de voir correctement les oeuvres. L'audioguide est sans doute une bonne chose, mais il force bon nombre de spectateurs à rester de longs moments devant les toiles, dérangeant du coup les suivants. Par ailleurs, les reflets sur les vitres de protection ainsi que des éclairages drôlement disposés, gênant considérablement la visibilité.
Par contre à la Fondation Beyeler, on se rend compte à quel point l'espace est un luxe bien agréable. La luminosité dans le bâtiment conçu par Renzo Piano est parfaite. Giacometti prend ici une tout autre dimension. Que d'intelligence dans la présentation, pour un bonheur intact. Une découverte fut celle de la peinture de la prmière époque où Giacometti utilisait une palette très colorée, rappelant parfois celle des fauves, mais avec plus de douceur. Une seconde découverte : la sculpture "Le chien". Que l'on ne s'y trompe pas, ce n'est pas un chien errant, maigre et à l'air abattu, écrasé par son destin. Je suis certain que Giacometti a pris pour modèle un lévrier Saluki. Tout correspond : les longues oreilles, le museau allongé, le thorax bombé et le ventre fin, le panache de la queue et les touffes de poils derrière les membres fins et longs, les pattes prêtes à accrocher le sol, les côtes saillantes, l'aspect général du chien qui fait croire qu'il souffre de sous-nutrition tant il semble maigre. Mais au-delà de ces aspect techniques correspondant au standard du chien, l'artiste à su illustrer la nonchalance de l'animal, l'élasticité de sa démarche, cette fameuse notion de "ressort" lui conférant son élégance et son exceptionnelle esthétique.
Le cheminement dans le reste de la collection nous a permis d'admirer l'exceptionnelle collection de masques et de sculptures d'art primitif. Une pure merveille.
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