vendredi 23 janvier 2009

Le Malade Imaginaire

La Mesnie H. – Compagnie J. Bachelier présente jusqu’au 30 novembre Le Malade Imaginaire de Molière, au Théâtre de la Boîte Noire du CREPS. Un spectacle magique et drôle, interprété par des comédiens bien rôdés, exploitant toutes les facettes d’un texte et d’une langue qui sait passer du rire aux larmes, de la pitrerie à la tragédie, en deux éclats et trois sanglots. Mais pas seulement.
Argan est couché dans son lit et vérifie les factures qui lui ont été adressées par son médecin et son apothicaire. Le comptage est double : que veut-il dépenser et combien de fois s’est-il soigné ? Dans les premières minutes de la pièce, tout le personnage est posé, autour des deux grands traits qui charpentent sa personnalité : il est égoïste et hypocondriaque. Ces deux éléments seront les axes autour desquels vont tournoyer les autres protagonistes, jusqu’à ce qu’ils décident, et surtout l’une d’entre eux, à inverser le mouvement pour que le personnage soit pris à son propre jeu, entraîné par sa propre bêtise. Car c’est bien de bêtise que Molière nous parle, de bêtise humaine, aveugle, stupide et auto-asphyxiante.
Argan vérifie ses factures. Son avarice lui en fait réduire les montants. Son argent a du mal à sortir de sa bourse, contrairement à ses tripes, qui n’arrêtent pas de se vider. Cette avarice est bien un trait d’égoïsme : garder pour soi, pour en jouir tout seul. Ce thème de l’argent reviendra plus tard, à travers sa fortune, sur laquelle sa (deuxième) femme veut faire main basse, à travers la dot que paiera un parent, s’il arrive à marier sa fille à Thomas Diafoirus.
Argan compte ses factures. Combien de fois a-t-il été soigné, combien de remèdes lui a-t-on administré ? Il juge de la qualité de son médecin au nombre de ses interventions. Et c’est là que se trouve la belle articulation : il n’y a que lorsqu’on se soigne que l’on est en bonne santé ! Donc, plus je me soigne, mieux je me porte ! Cette fausse hypothèse construit toute la maladie imaginaire d’Argan et c’est à partir de cette absurdité qu’il veut faire marcher son petit monde.
Sa fille doit épouser Thomas Diafoirus, fils de médecin et futur médecin, pourtant son cœur est déjà pris. Argan veut un gendre qui puisse le soigner. Si elle refuse, il est prêt à la sacrifier et à l’enfermer au couvent. Derrière ce chantage, Molière dénonce les mœurs d’une époque. Argan ignore cependant que sa femme le trompe avec… son propre médecin, et n’attend qu’une chose, récupérer sa fortune. Molière utilise là l’un de ses leviers favoris : se moquer pour mieux montrer du doigt. Sa pièce fonctionne comme un révélateur.
Heureusement, le grain de sable dans le beau mécanisme arrive avec Toinette la servante, impertinente et révoltée, manipulatrice à souhait. Elle ne veut pas de ce mariage et confond la femme adultère. Mais la fête ne sera entière que lorsqu’Argan, pour être sûr d’être suffisamment soigné et malade assez, décidera d’être docteur pour mieux s’occuper de soi-même. Sa fille n’entrera pas en religion, mais lui en médecine. Molière se moque des médecins ignares et prétentieux, qui tuent plus qu’ils ne soignent : « …presque tous les hommes meurent de leurs remèdes et non de leurs maladies… » Derrière la farce, c’est encore la réalité de son époque qu’il dépeint.
Cette pièce, qui fut aussi la dernière que joua son auteur, va au-delà de la comédie. A travers Le Malade Imaginaire, Molière se rebiffe face au monde des médecins qu’il doit connaître pour avoir été « soigné », mais pas avec le résultat escompté. C’est une énorme bouffonnerie, une partie de rigolade qui oppose des personnages grotesques et ridicules, un immense rire qui va jusqu’aux larmes… du désespoir, car derrière tout cela se profile une ombre de souffrance et de mort.
La Compagnie de Jacques Bachelier nous offre là un spectacle haut en couleurs, en bruitages et éclats de rire. Les comédiens nous proposent un Malade Imaginaire avec des traits contemporains (l’égoïste et l’hypocondriaque ne sont pas l’apanage d’une époque) dans une interprétation vivante et dynamique, avec un sens aigu du texte. Une mention particulière à Bruno Journée, inoubliable notaire mafieux-veste crème-chaussures en croco et lunettes à paillettes, à Raphael Scheer, Argan flamboyant et pitoyable et à Agathe Munsch, Toinette accorte et pétillante, malicieuse à l’envie, très à l’aise dans un rôle dont elle fait briller toutes les facettes.

Tokyo Street

Nikosan est graphiste et amateur de thé. Il cultive ses deux passions avec une remarquable constance. Parfois les deux domaines se croisent, se superposent pour notre plus grand bonheur. C’est donc dans un grand souci de cohérence qu’il a accroché sa dernière exposition « Tokyo Street » à L’Essence du Thé, une boutique de thés installée rue des Marchands, au cœur du Vieux Colmar. Des œuvres puissantes, très structurées, évoquant une société à cheval entre son passé et son présent. Nikosan est attiré par l’Extrême Orient : la Chine et surtout le Japon ont sur lui un incroyable effet magnétique. Il a intégré les influences du zen et ses pas le mènent sur la Voie du Thé, le chado. On se souvient de l’exposition strasbourgeoise, « Le Souffle du Thé », où il nous avait proposé une vision très personnelle de sa boisson favorite, au travers d’un graphisme épuré et extrêmement travaillé, Les théières et bols y côtoyaient d’improbables personnages, dans des mises en scène rappelant fortement les estampes japonaises, les images du monde flottant.
Avec « Tokyo Street » le changement est radical, mais en apparence seulement.. Six toiles de moyen et grand formats, dont un triptyque, composent l’exposition. Le choix des couleurs est simple : encre de Chine noire appliquée au pinceau sur fond blanc. Le thème est évoqué dans le titre : les rues de Tokyo ont guidé l’imagination et le pinceau de l’artiste, son attrait pour l’Extrême Orient étant exprimé ici par la représentation d’instants volés, à la manière du photographe. Le graphisme est précis, ramené à l’essentiel, à la manière d’une image solarisée. Seules quelques éclaboussures volontaires ouvrent des espaces de fuite pour l’observateur, recentrant l’œuvre sur son interprétation et décalant son réalisme. Scènes de la vie quotidienne tokyoïte, images urbaines, alignements d’immeubles, personnages fatigués prenant les transports en commun mais aussi toit relevé d’un temple, Nikosan évoque un Japon contemporain, pris au piège de la modernité, vivant frénétiquement, imposant à l’homme un rythme de machine. Les scènes décrivent la grande densité des constructions, mais dans un ordonnancement oppressant, voire chaotique. La vie de la capitale nippone est rapide, prise dans un mouvement incessant, et on devine que les personnages assis attendent un autobus ou sont ballotés dans une rame de métro. Les hommes semblent vidés, écrasés, broyés par la machinerie implacable d’une société qui demande toujours davantage. L’heure de transport en métro apparaît comme un répit, comme un moment de récupération volé au rythme infernal. Seule la vision du temple est décalée, nous renvoyant au Japon traditionnel, à l’image des cerisiers en fleurs, des moines en méditation et des estampes de Hokusai.
Sur l’un des tableaux on voit quatre hommes assis sur un banc à côté d’un panneau sur lequel est inscrit en japonais « Toilettes interdites aux hommes ». La touche d’humour est singulière et permet d’interroger les codes d’une société qui nous étonne encore dans ses relations à l’amour, au sexe et à la mort. Notre esprit occidental a toujours du mal à comprendre certains aspects du Japon qui nous paraissent incohérents et obscurs. A travers « Tokyo Street », Nikosan montre une société qui fait le grand écart entre un monde de traditions, de sérénité, et un univers en mouvement, en course constante, au stress permanent. Le Japon éternel et immobile est opposé à la société contemporaine, la place de l’homme y est toujours importante, mais dans le second cas, il subit plus qu’il ne maîtrise. La radicalité du noir et blanc, le traitement graphique des scènes renvoient à la bande dessinée.et accentue la sensation de dureté des scènes évoquées. Les personnages semblent impersonnels, sans âme, se côtoyant sans échanges et sans chaleur. Par ses tableaux Nikosan interroge la société japonaise et le sens du progrès en l’opposant suggestivement à son propre passé et à ses traditions. Derrière une expression d’aspect très contemporain, il nous propose une caricature réaliste, renvoyant aux contradictions d’une société qui veut aller en avant, rapidement, mais tout en essayant par moments de rester immobile.

Shodo au Thé des Muses

Le Thé des Muses présente jusqu’au 20 janvier, une exposition de calligraphies japonaises réalisées par Kei Kawai. Cherchant depuis son ouverture à créer des passerelles avec l’art en général, et celui des artistes extrême-orientaux en particulier, il ne sera pas étonnant de trouver dans ce lieu consacré au thé, une présentation de calligraphies. La douzaine de tableaux apporte à l’endroit un surcroît de calme et de sérénité, en toute discrétion et humilité, mais avec l’énergie de l’équilibre dynamique.
Kei Kawai est professeur de calligraphie. Cette japonaise de trente ans est diplômée de l’université de Tsukuba, au nord de Tokyo. Elle y a enseigné son art pendant plusieurs années avant de venir en France en 2007. Elle enseigne la calligraphie au Centre Européen d’Etudes Japonaises en Alsace (C.E.E.J.A.) à Kientzheim, ainsi qu’à l’Université de Haute-Alsace, à Mulhouse. Mais Kei Kawai a plusieurs cordes à son arc, puisqu’elle pratique également le chanoyu (la cérémonie du thé japonaise) et le chabana, un art floral épuré et travaillé à partir d’un élément végétal, différent en cela de l’ikebana.
La calligraphie japonaise est un art traditionnel qui consiste à écrire des idéogrammes au pinceau et à l’encre. Apparue en Chine il y a plus de trois mille ans, elle est introduite au Japon au Vème siècle, où elle était pratiquée par des moines bouddhistes. Shodô se traduit littéralement par « la voie de l’écriture ». C’est l’un des voies possibles pour un japonais qui souhaite aller vers un accomplissement personnel et spirituel. La calligraphie n’est pas un simple moyen d’écriture ou une forme d’art décoratif, car elle permet d’atteindre une harmonie à travers la maîtrise du corps et de l’esprit. Pour les moines bouddhistes, elle peut être pratiquée comme une forme de méditation.
Le calligraphe utilise quatre outils appelés « les quatre trésors » : le pinceau (fude), l’encre (sumi), la pierre à encre (suzuri) et le papier (hanshi). Il existe toute une panoplie de pinceaux permettant de jouer sur l’épaisseur du trait. L’encre, noire, se présente sous forme de bâtons et doit être mélangée à l’eau avec l’aide la pierre. Le papier est blanc. La calligraphie se fait donc en noir sur fond blanc, mais les vides de la feuille revêtent autant d’importance que les traits du pinceau. L’économie des moyens rend la pratique du shodô d’autant plus difficile que tout doit être maîtrisé.
Une calligraphie ne nécessite pas d’esquisse préalable, mais une concentration très forte et une préparation mentale adaptée. Le rythme de la calligraphie est le souffle : tout doit être exécuté en un temps très court, dans une série de gestes ininterrompus. C’est un flot d’énergie émanant de tout le corps qui est dirigé vers l’extrémité du pinceau et qui donne la forme au trait. Pas d’essais, pas de retouches, pas de droit à l’erreur, la calligraphie est une pensée, une gestuelle, le résultat d’une énergie.
Kei Kawai nous présente une douzaine d’œuvres, chacune étant formée d’un « kanji » (idéogramme). Elles portent pour noms « Tsuioku » (souvenir agréable), Ai (amour), Hibiki (résonnance) ou encore Musou (rêverie). Chaque tableau est un mélange d’énergie, de vie et d’harmonie. On sent dans chaque coup de pinceau la maîtrise du geste, le contrôle absolu d’un mouvement commandé par l’esprit. Le trait est précis et bien à sa place, la ligne ne tremble pas, l’équilibre avec le blanc de la feuille s’opère automatiquement. Il est difficile d’imaginer la longueur du chemin, de l’encre au papier, de mesurer l’énergie contenue puis libérée, tant le résultat nous semble évident. L’artiste nous livre là de véritables petites merveilles, en toute simplicité, sans ostentation ni discours précieux. Chaque œuvre porte sa vie en elle.

Un sincha en forêt

Le soleil de mercredi dernier m'a poussé à partir en forêt avec les chiens pour leur dégourdir les jambes. Je n'ai pas résisté à la perspective de me préparer une tasse. Mon choix s'est orienté sur un sincha Hon Yama (thé vert du Japon, récolte de printemps).





Suancha, mon lévrier Saluki a particulièrement apprécié la découverte du sous-bois...

mercredi 21 janvier 2009

Adam et Eve à la Gaîté Montparnasse

Adam et Eve (publié dans Hebdoscope N°986 du 4 février 2009

Le Théâtre de la Gaîté Montparnasse a présenté dans la salle du Petit Montparnasse « Adam et Eve », une pièce de Louis-Michel Colla et Myriam Ullens, dans une mise en scène signée Eric Théobald. Du théâtre de boulevard, enlevé et preste, un texte léger à souhait, c'est-à-dire traitant son sujet avec drôlerie et humour, voire pitrerie et bouffonnerie, une brochette de comédiens efficaces et bien impliqués. Tout ici est réuni pour nous faire passer un excellent moment, les rires secouant la salle le montrant, à l’évidence.

Parmi les cinq comédiens à l’affiche, il n’aura échappé à personne la présence de Didier Gustin, en tête d’affiche. Le comique y tient le rôle de Franck Adam, charcutier-traiteur de son état, mais aussi mari jaloux et possessif. Persuadé que sa femme le trompe, il se rend dans un appartement dont il a trouvé l’adresse et la clé dans la sac de son épouse et y rencontre Eve de Spéville, journaliste mondaine (Fabienne Galloux), présente en ces lieux pour les mêmes raisons, celle-ci soupçonnant son mari d’adultère. La réalité est, évidemment, bien différente, puisque ce sont leurs enfants respectifs qui se donnent rendez-vous ici, en l’occurrence dans le studio d’un copain, pour y conjuguer amourette et galipettes. Empruntant les affaires de leurs parents, ils ont fourni à travers l’oubli des clés, le motif des soupçons pesant sur les époux innocents. Le quiproquo est classique, mais il suffit à fournir le prétexte à une écriture qui va en tirer largement profit. Les comédiens se télescopent, chacun voulant prendre l’autre sur le fait, le seul moyen que trouve le charcutier de confondre sa femme étant de feindre une liaison avec cette journaliste inconnue. Mais rendre la monnaie de sa pièce n’est pas du goût de celle-ci, l’idée de la fausse liaison amoureuse lui inspirant plutôt du dégoût, les deux personnages ne partageant visiblement pas les mêmes valeurs. Autant l’un est épais et direct, autant la seconde est prude et coincée. S’en suivent une succession de scènes, entre la chambre, la salle de bain et l’inévitable placard, lieu incontournable et cachette utile à tous, surtout lorsqu’il recèle une panoplie de déguisements qui en ajoutent encore au comique. La pièce est menée tambour battant, dans un rythme rapide et enlevé laissant à peine le temps aux spectateurs de reprendre leur souffle entre deux éclats de rire.
Didier Gustin tient sa place avec une belle justesse, sans accaparer l’affiche. Visiblement, il trouve beaucoup de plaisir dans son rôle et n’hésite pas à y investir sa belle énergie. En raison sans doute de sa très grande expérience du one-man show, on sent que le comique se contrôle pour rester au près de son texte et de son jeu, même si par ailleurs, il s’autorise parfois à quelque improvisation, avec un naturel et une facilité évidente. A ses côtés on découvre Fabienne Galloux (Eve de Spéville), une comédienne accomplie, dont le charme n’est égalé que par la qualité de l’interprétation. Quelle énergie et quelle palette de jeux, que ce soit dans la voix, les attitudes ou la splendide expressivité. Nul doute qu’on reparlera d’elle, sa présence étant le signe d’une indéniable valeur et sans nul doute d’un travail long et sérieux. Encore bravo !
Les rôles des grands enfants turbulents sont tenus par Maud Forget, Raphaël Tilliette et Thomas Sagols. Partageant l’énergie de la jeunesse, ils apportent leur fraîcheur et leur vivacité à la pièce. Ces trois là occupent la scène avec une belle aisance et savent tirer parti de tout ce que le texte leur propose, parfois même avec audace.
La pièce est un régal, la surprise comique nous attend à chaque réplique, dans chaque situation. On rit franchement et fort, le texte est drôle, les comédiens superbes.

mardi 20 janvier 2009

Le musée du thé Mariages Frères

S'il est un point de passage obligé dans le monde du thé parisien, c'est bien la boutique de Mariages Frères, rue du Bourg Tribourg dans le Marais. Les buveurs de thé connaissent l'adresse et une clientèle bobo autant qu'internationale s'y bouscule, que ce soit au comptoir ou au salon de thé. Les amateurs d'ambiance néo-coloniale au parfum surrané sont ici comblé, tant on a l'impression de changer de siècle en entrant dans la boutique : éclairages discrets, mobilier en bois usé, personnel en costume de lin - cravate, même la caissière travaille dans une guérite de verre ! Et bien sûr, toujours ces parfums mêlés, magiques, dont personne ne peut exactement dresser la liste, tant ils sont nombreux.

Le choix des thés reste impressionnant et les accessoires sont profusion, déclinés sous la marque dans une belle variété.

Au premier étage, accessible par un petit escalier en colimaçon, se cache un musée minuscule (deux petites pièces), entièrement dédié aux objets du thé. Collection impressionnante de théières, de bouilloires, de coffrets et de caisses estampillées : les vitrines nous expédient d'office sur l'imaginaire de la route du thé et les marchés extrêmes-orientaux. Tout ici aiguise la curiosité et la recherche d'authenticité. Le thé n'est pas qu'un produit, c'est un univers, celui qui en doute n'a qu'à entrer ici pour en être convaincu.

Un thé chez Toraya

Un thé chez Toraya, rue Pasquier (Paris), c'est toujours un moment de dépaysement, même si l'ambiance ne correspond pas franchement à la représentation que je me fais de l'esthétique japonaise. Le thé y est bon, les pâtisseries étonnantes et délicieuses, le personnel souriant et accueillant, discret et efficace. La présentation des petits plateaux est travaillée sur le plan visuel. Le matériel utilisé est de qualité. On est presque étonné de voir si peu de thés à la carte : gyokuru, sencha, bancha, bancha hojicha, genmaïcha et bien sûr matcha. Je m'attendais a y croiser quelques crus de Shizuoka ou de Fuji, quelques crus de sencha ou de kabuse, mais non, le choix suit le choix de l'esthétique : il est épuré. Ceci dit, et cela intéressera les gourmands, le chocolat au matcha est beau et délicieux. Le moment passé était fort agréable et nous l'avons apprécié jusque dans les moindres détails.

Une visite au Musée Guimet

Un petit tour au Musée Guimet (Paris), le lieu incontournable pour tous les amateurs d'Extrême-Orient. On en prend évidemment plein les yeux, tant l'endroit nous emmène dans un autre univers que le notre.
Le seuil à peine franchi, on est déjà captivé par l'ambiance. La modernité de l'aménagement est éloignée de l'image vieillotte des cabinets d'histoire du 19ème siècle dont on a pu s'imprégner auparavant. Il y a là une profusion d'oeuvres sculptées, gravées , dessinées, peintes, tissées, modelées (et j'en oublie) qui nous transporte immédiatement en Chine, au Japon, au Pakistan, en Inde, en Corée, en Afghanistan, dans une présentation aérée, claire et accessible, qui met toutes les oeuvres en valeur. Tout est splendide et il faut quasiment visiter le musée au rythme de la promenade curieuse pour l'apprécier pleinement, en mettant l'accent sur un secteur particulier, puis y revenir plusieurs fois en déplaçant son centre d'intérêt à chaque visite. Ou y revenir pour le plaisir, tout simplement.
Le secteur de la poterie consacrée au thé est bien représenté, à travers les collections chinoise, coréenne et japonaise. Peu de théières, mais une profusion de bols qui donne presque le vertige. On se régale, on en redemande, c'est génial. Le musée ne propose pas d'autres objets liés au thé.
Au sous-sol, un petit resto sympa propose des petits plats chauds et froids à des prix accessibles, histoire de se restaurer tout en restant dans l'ambiance. Petite ombre au tableau, les thés proposés sont (malheureusement) en sachets (même s'ils proviennent de chez Mariages), la préparation du thé relève presque de l'amateurisme (conseil, température de l'eau et dosage), la vaisselle n'est pas digne du lieu (pseudo théières chinoises de très grande distribution). Le personnel est sympa, mais sa connaissance du thé est minimaliste. Il ne suffit pas de recruter des employés originaires d'Extrême Orient pour que le thé soit bien fait et bien servi. Dommage, car un musée de cette qualité doit être en capacité de soigner aussi ce genre d'aspect, le visiteur devant trouver le même niveau de qualité dans tous les domaines.

Photo du haut : bol à thé (chawan) époque Edo (1603 - 1868) Japon
Photos de gauche (de haut en bas) : Bol à thé (chawan) en raku, (Kyoto 18ème siècle) Japon, bol Chine du Nord (Dynastie Song-Jin du Nord 12ème-13ème siècle)
Photos de droite (de haut en bas) : bol Chine du Sud, Jiangxi (Dynastie Song du Sud 12ème-1 3ème siècle), bol impérial (Chine, Jingdezhen, dynastie Qing)

lundi 12 janvier 2009

Un Assam dans la neige

Hier dimanche 11 janvier, nous sommes sortis prendre l'air du côté du Val de Villé (vallée vosgienne côté alsacien). Belle ballade avec les chiens, un soleil splendide, une lumière chaude et rasante, des restes de neige, des paysages sublimes.
Nous avions tout prévu : un petit casse-croûte et surtout une thermos d'eau très chaude, des tasses, un zhong et bien sûr du thé ! En l'occurence, notre choix s'était dirigé vers un Assam (Inde) Halmari Second Flush 2008.

Quel bonheur ! Est-ce le hasard qui nous a fait choisir cet accord ? Toujours est-il que cet Assam s'est marié divinement avec le Coulomniers. Le côté âpre et rêche du thé, avec ses notes de bois et de légumes cuits, la rondeur du fromage, le pain frais craquant sous la dent, la magie de la liqueur dans la tasse, la splendeur de l'environnement, tout a contribué à faire de ce petit arrêt un grand moment de bonheur.

dimanche 4 janvier 2009

François Morellet au Musée Würth-Erstein

Jusqu'au 1er février 2008, le Musée Würth d'Erstein présente l'exposition "François Morellet : raison et dérision". Une belle occasion pour découvrir un musée tout neuf, un artiste contemporain jouant de la rigueur mathématique et des mots avec un humour surprenant, une exposition riche et bien construite.
Les amateurs d'art contemporain connaissent cet artiste et le retrouveront avec plaisir. Si l'art contemporain vous tente mais vous semble étrange et hermétique, voire inaccessible, le musée a créé des fiches explicatives qui permettent de situer l'artiste et l'oeuvre, et surtout de comprendre son propos et sa démarche.

Liens : http://www.musee-wurth.fr/fr/secondaire/accueil/

http://www.transversalles.com/nord/index.php?id=113&no_cache=1&tx_ttnews[tt_news]=982&tx_ttnews[backPid]=5