Nikosan est graphiste et amateur de thé. Il cultive ses deux passions avec une remarquable constance. Parfois les deux domaines se croisent, se superposent pour notre plus grand bonheur. C’est donc dans un grand souci de cohérence qu’il a accroché sa dernière exposition « Tokyo Street » à L’Essence du Thé, une boutique de thés installée rue des Marchands, au cœur du Vieux Colmar. Des œuvres puissantes, très structurées, évoquant une société à cheval entre son passé et son présent. Nikosan est attiré par l’Extrême Orient : la Chine et surtout le Japon ont sur lui un incroyable effet magnétique. Il a intégré les influences du zen et ses pas le mènent sur la Voie du Thé, le chado. On se souvient de l’exposition strasbourgeoise, « Le Souffle du Thé », où il nous avait proposé une vision très personnelle de sa boisson favorite, au travers d’un graphisme épuré et extrêmement travaillé, Les théières et bols y côtoyaient d’improbables personnages, dans des mises en scène rappelant fortement les estampes japonaises, les images du monde flottant.
Avec « Tokyo Street » le changement est radical, mais en apparence seulement.. Six toiles de moyen et grand formats, dont un triptyque, composent l’exposition. Le choix des couleurs est simple : encre de Chine noire appliquée au pinceau sur fond blanc. Le thème est évoqué dans le titre : les rues de Tokyo ont guidé l’imagination et le pinceau de l’artiste, son attrait pour l’Extrême Orient étant exprimé ici par la représentation d’instants volés, à la manière du photographe. Le graphisme est précis, ramené à l’essentiel, à la manière d’une image solarisée. Seules quelques éclaboussures volontaires ouvrent des espaces de fuite pour l’observateur, recentrant l’œuvre sur son interprétation et décalant son réalisme. Scènes de la vie quotidienne tokyoïte, images urbaines, alignements d’immeubles, personnages fatigués prenant les transports en commun mais aussi toit relevé d’un temple, Nikosan évoque un Japon contemporain, pris au piège de la modernité, vivant frénétiquement, imposant à l’homme un rythme de machine. Les scènes décrivent la grande densité des constructions, mais dans un ordonnancement oppressant, voire chaotique. La vie de la capitale nippone est rapide, prise dans un mouvement incessant, et on devine que les personnages assis attendent un autobus ou sont ballotés dans une rame de métro. Les hommes semblent vidés, écrasés, broyés par la machinerie implacable d’une société qui demande toujours davantage. L’heure de transport en métro apparaît comme un répit, comme un moment de récupération volé au rythme infernal. Seule la vision du temple est décalée, nous renvoyant au Japon traditionnel, à l’image des cerisiers en fleurs, des moines en méditation et des estampes de Hokusai.
Sur l’un des tableaux on voit quatre hommes assis sur un banc à côté d’un panneau sur lequel est inscrit en japonais « Toilettes interdites aux hommes ». La touche d’humour est singulière et permet d’interroger les codes d’une société qui nous étonne encore dans ses relations à l’amour, au sexe et à la mort. Notre esprit occidental a toujours du mal à comprendre certains aspects du Japon qui nous paraissent incohérents et obscurs. A travers « Tokyo Street », Nikosan montre une société qui fait le grand écart entre un monde de traditions, de sérénité, et un univers en mouvement, en course constante, au stress permanent. Le Japon éternel et immobile est opposé à la société contemporaine, la place de l’homme y est toujours importante, mais dans le second cas, il subit plus qu’il ne maîtrise. La radicalité du noir et blanc, le traitement graphique des scènes renvoient à la bande dessinée.et accentue la sensation de dureté des scènes évoquées. Les personnages semblent impersonnels, sans âme, se côtoyant sans échanges et sans chaleur. Par ses tableaux Nikosan interroge la société japonaise et le sens du progrès en l’opposant suggestivement à son propre passé et à ses traditions. Derrière une expression d’aspect très contemporain, il nous propose une caricature réaliste, renvoyant aux contradictions d’une société qui veut aller en avant, rapidement, mais tout en essayant par moments de rester immobile.
Avec « Tokyo Street » le changement est radical, mais en apparence seulement.. Six toiles de moyen et grand formats, dont un triptyque, composent l’exposition. Le choix des couleurs est simple : encre de Chine noire appliquée au pinceau sur fond blanc. Le thème est évoqué dans le titre : les rues de Tokyo ont guidé l’imagination et le pinceau de l’artiste, son attrait pour l’Extrême Orient étant exprimé ici par la représentation d’instants volés, à la manière du photographe. Le graphisme est précis, ramené à l’essentiel, à la manière d’une image solarisée. Seules quelques éclaboussures volontaires ouvrent des espaces de fuite pour l’observateur, recentrant l’œuvre sur son interprétation et décalant son réalisme. Scènes de la vie quotidienne tokyoïte, images urbaines, alignements d’immeubles, personnages fatigués prenant les transports en commun mais aussi toit relevé d’un temple, Nikosan évoque un Japon contemporain, pris au piège de la modernité, vivant frénétiquement, imposant à l’homme un rythme de machine. Les scènes décrivent la grande densité des constructions, mais dans un ordonnancement oppressant, voire chaotique. La vie de la capitale nippone est rapide, prise dans un mouvement incessant, et on devine que les personnages assis attendent un autobus ou sont ballotés dans une rame de métro. Les hommes semblent vidés, écrasés, broyés par la machinerie implacable d’une société qui demande toujours davantage. L’heure de transport en métro apparaît comme un répit, comme un moment de récupération volé au rythme infernal. Seule la vision du temple est décalée, nous renvoyant au Japon traditionnel, à l’image des cerisiers en fleurs, des moines en méditation et des estampes de Hokusai.
Sur l’un des tableaux on voit quatre hommes assis sur un banc à côté d’un panneau sur lequel est inscrit en japonais « Toilettes interdites aux hommes ». La touche d’humour est singulière et permet d’interroger les codes d’une société qui nous étonne encore dans ses relations à l’amour, au sexe et à la mort. Notre esprit occidental a toujours du mal à comprendre certains aspects du Japon qui nous paraissent incohérents et obscurs. A travers « Tokyo Street », Nikosan montre une société qui fait le grand écart entre un monde de traditions, de sérénité, et un univers en mouvement, en course constante, au stress permanent. Le Japon éternel et immobile est opposé à la société contemporaine, la place de l’homme y est toujours importante, mais dans le second cas, il subit plus qu’il ne maîtrise. La radicalité du noir et blanc, le traitement graphique des scènes renvoient à la bande dessinée.et accentue la sensation de dureté des scènes évoquées. Les personnages semblent impersonnels, sans âme, se côtoyant sans échanges et sans chaleur. Par ses tableaux Nikosan interroge la société japonaise et le sens du progrès en l’opposant suggestivement à son propre passé et à ses traditions. Derrière une expression d’aspect très contemporain, il nous propose une caricature réaliste, renvoyant aux contradictions d’une société qui veut aller en avant, rapidement, mais tout en essayant par moments de rester immobile.
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