lundi 6 décembre 2010

Une expo intéressante


Une amatrice de thé m'a passé cette info la semaine dernière.

L'expo dure jusqu'au mois de mars et ça a l'air carrément intéressant !

Ca se passe au Musée départemental Georges de La Tour à Vic sur Seilles.

dimanche 7 novembre 2010

Une démonstration de chanoyu

Petit moment de grâce au salon de Colmar, malgré le bruit et le volume de la salle, malgré la chaleur et la foule curieuse. Takeshi MATSUMOTO, formé à Tokyo par un maître de l'école Urasenke, nous a fait une démonstration de chanoyu, la cérémonie japonaise du thé. Les amateurs apprécieront les accessoires anciens, chawan et chasen, natsume et chashaku. Tout est simple et sobre, c'est somptueux ! Quelques images.

vendredi 15 octobre 2010

Reportage sur le thé

Avis à tous les amateurs de thé, France 5 difusera le dimanche 17 octobre à 14 h 44 un documentaire de 52 minutes sur notre boisson favorite.

Cependant il est d'ores et déjà visible en cliquant sur le lien suivant

http://documentaires.france5.fr/documentaires/global-drinks/pour-tous

mardi 12 octobre 2010

Pierre Gaucher, le fer parlant

Si vous passez dans le Kochersberg, arrêtez vous devant "La caravane passe" de Michel Dejean (Stutzheim Offenheim) et ne loupez pas "La culture de l'oubli" de Pierre Gaucher (Médiathèque de Truchtersheim).
Cet article paraîtra dans le prochain numéro de Transversalles (15 octobre - 15 novembre)


La culture de l’oubli

Dans le cadre de sa Route de l’Art Contemporain, le Centre Européen d’Actions Artistiques Contemporaines a inauguré en septembre dernier à Truchtersheim sa trente-troisième œuvre installée dans le domaine public. « La culture de l’oubli » de Pierre Gaucher est une sculpture métallique installée dans l’accès principal de la médiathèque, à la manière d’un paravent découpé, d’une grille de lettres et de mots, offerte à la vue, mais aussi à la lecture des passants. Depuis vingt-deux ans, le CEAAC sème et installe en Alsace des œuvres d’art contemporain, en secteur urbain ou en milieu rural, dans des lieux emblématiques mais aussi en d’autres plus retirés, plus discrets. On connaît bien sûr la « Ligne Indéterminée », sculpture monumentale de Bernard Venet à Strasbourg, place de Bordeaux, mais sans doute un peu moins « Sequoia Mirabilis » de Patrick Meyer (Niederbronn), Aqua de Katsuhito Nishikawa (Parc de Wesserling), « Trois Vitraux », de Lothar Quinte et Sibylle Wagner dans la chapelle de Champenay, ou d’autres encore disséminées dans les deux départements, posées comme autant de sentinelles, de bornes dessinant le chemin et traçant une trame invisible. C’est un travail de patience et de longue haleine qu’a initié le CEAAC, et ce qui était au départ un acte militant s’est petit à petit imposé jusqu’à devenir cette quasi-évidence de la présence d’œuvres d’art dans le paysage urbain et rural. Et cette dynamique s’étend : pour preuve la création toute récente de la Route de l’Art dans le Kochersberg, née d’une volonté de marquer le développement de la culture dans ce pays de traditions.
Les habitants du Kochersberg connaissent la sculpture de Michel Dejean « La caravane passe » visible à Stutzheim-Offenheim au bord de la route, mais lorsqu’ils se rendront à la médiathèque de Truchtersheim, ils passeront dorénavant devant, et à travers, l’œuvre de Pierre Gaucher « La culture de l’oubli ». Le C.E.A.A.C. avait déjà décerné à cet artiste le prix du Conseil Général du Haut-Rhin en 1996. Découpée en deux panneaux séparés, cette œuvre est constituée par un assemblage de lettres en métal épais soudées entre elles, sans intervalles et sans ponctuation. L’ensemble est organisé en deux parties non alignées, de chaque côté d’un large couloir extérieur couvert menant à la médiathèque. La séparation entre les deux panneaux de texte ne tient pas compte des débuts et fins de mots, les lignes ne sont pas nécessairement complètes. L’œuvre est intégrée dans le bâtiment, dans une parfaite complémentarité, dans une proximité aussi qui nous la rend plus sensible et plus accessible.
En se dédouanant d’une partie des contraintes de l’écriture, Pierre Gaucher nous permet à la fois d’être dans le texte et de sortir de ses conventions. Etant visible par ses deux côtés, l’une des faces apparaît comme une langue étrangère, une sorte de charabia à première vue incompréhensible. La sculpture nécessite un effort : il faut s’arrêter et lire avec attention pour en comprendre le fonctionnement et le sens. Les constructions des alentours sont visibles à travers les interstices et de ce fait, l’œuvre est, d’une certaine manière, inscrite dans le paysage. A l’inverse, lorsqu’on lit le texte, c’est le paysage qui s’inscrit dans l’œuvre, créant par là une forme de va-et-vient, un dialogue permanent avec l’environnement. A la manière d’une porte symbolique et initiatique, cette trace écrite de taille humaine accueille le visiteur et le lecteur venant à la médiathèque : des lettres alignées comme des livres sur des rayonnages. Comme un signal, comme un signe, comme un symbole, cette œuvre va bien au-delà de la fonction décorative. Elle parle d’elle-même, les mots disent tout, mais sans gravité ni lourdeur, invitant à la réflexion autant qu’à la lecture. La culture de l’essentiel est une invitation à réfléchir sur l’essentiel et l’inutile qui remplit la vie, un questionnement sur la trace laissée par une existence.
Une exposition d’autres œuvres de Pierre Gaucher est visible à la médiathèque, permettant de mieux appréhender les différentes facettes du travail de l’artiste. Pièces droites monumentales, tabourets ou cylindres, on pourra également apprécier le travail d’écriture sur des tôles par martelage.

Texte de l’œuvre de Pierre Gaucher

« Tout ce qu’on dit, tout ce qu’on écrit n’a finalement aucune importance, nous ne faisons tout simplement que lutter contre l’effacement car nous ne pouvons pas admettre que le combat soit perdu d’avance, nous cultivons ainsi une compréhension du monde pour faire joli et qui nous empêche de voir le vide infini de notre connaissance, en fait toute notre culture est une culture de l’oubli : nous apprenons à nous souvenir de mille choses inutiles pour mieux oublier l’essentiel. »

Le bambou à la goutte

Magie de la goutte d'eau accrochée à la feuille du bambou,
irréellement suspendue,
reflétant l'environnement comme un miroir,
se jouant de la pesanteur comme du ciel qu'elle retourne.

Joan Miro chez Burda

Mon dernier article à paraître dans Transversalles (15 octobre au 15 novembre).
L'expo Miro est superbe et très pédagogique. L'audioguide est conseillé pour mieux entrer dans l'univers du peintre et pour comprendre une peinture qui, si elle semble simple en apparence, peut vite être perçue comme hermétique au néophyte.

Les couleurs de la poésie

Le Musée Frieder Burda à Baden Baden présente, et ce jusqu’à la mi-novembre encore, une splendide rétrospective sur le travail du peintre espagnol Joan Miró. Une centaine d’œuvres, peintures, sculptures et céramiques, provenant de collections publiques et privées ont été ici réunies, permettant au spectateur d’appréhender la production d’un artiste culte du vingtième siècle, reconnaissable au premier coup d’œil, mais souvent mal connu cependant. Une occasion remarquable d’embrasser du regard et en une visite quelques six décennies de création. Né en 1893 à Barcelone, Joan Miró est destiné par sa famille à suivre des études de commerce. Cependant, dés sa quatorzième année, le jeune homme s’inscrit aux cours d’une école de beaux arts et c’est à partir de 1911 que ses parents acceptent la volonté de leur fils de se consacrer à l’art. Très influencé par les impressionnistes, Cézanne, les Fauves et les symbolistes, il découvre Picasso au travers des décors des Ballets russes de Diaghilev à Barcelone en 1917. Sa première exposition se tiendra l’année suivante à la galerie Dalmau. Celle-ci est très mal accueillie par le public mais partiellement soutenue par le presse. En 1920 il part pour Paris est touché en plein par le dadaïsme et le cubisme. Il fait la connaissance d’Antonin Artaud, Georges Bataille et d’autres encore et se dégage doucement des conventions picturales. Il participe en 1925 à une exposition à la galerie Pierre (Paris) avec Giorgio de Chirico, Max Ernst, Paul Klee, Man Ray, André Masson et Picasso. Il fait partie du groupe des surréalistes, mais s’en détachera plus tard. En 1937, suite au bombardement de Guernica, il créé un timbre qui sera aussi tiré en affiche. Il est également retenu pour réaliser une peinture pour le pavillon de l’Espagne républicaine à l’Exposition Universelle de Paris.
La première grande rétrospective consacrée à Miró est organisée à New York au Museum of Modern Art fin 1941. Elle obtient un très vif succès et aura une influence marquée sur les peintres américains. Cette rétrospective lui apportera le rayonnement qu’il méritait et le propulse sur la scène artistique internationale. Miró commence ses premières sculptures en 1944 avec le céramiste Josep Llorens Artigas. Il expose à la galerie Maeght en 1948, année qui marquera son retour et sa reconnaissance par les milieux parisiens. Il s’installe en 1956 à Palma de Majorque ou il fait construire son atelier. Les rétrospectives se suivent New york 1959, Paris 1962, Londres 1964, Madrid 1978... La première fondation Miró est ouverte en 1975 à Barcelone (une autre sera inaugurée à Palma de Majorque en 1992). Joan Miró meurt le 25 décembre 1983 à Majorque.
L’exposition est le fruit d’une formidable réunion de tableaux, sculptures et céramiques, issus de grandes collections publiques mais aussi du fonds privé de la famille de Miró. Le parcours est clair, bien structuré, et le bâtiment conçu par l’architecte Richard Meier se prête merveilleusement à cette peinture du soleil, à travers l’importance des surfaces vitrées orientées au sud. La force et la vibration de la couleur s’en trouvent renforcées, soulignant à l’envie la dimension poétique du travail de l’artiste catalan. Des premières toiles datant d’avant 1920 aux dernières sculptures de 1982, l’exposition suit une organisation chronologique. Le cheminement est naturel et la visite se déroule comme une promenade dans l’univers coloré du peintre. Dans ses toiles réalisées de 1924 à 1927, on est frappé par l’importance des champs de couleur, sur lesquels sont parsemés des signes intrigants, à la manière d’une partition sans portée. Correspondant à la période surréaliste, tant dans l’approche esthétique que dans les techniques utilisées pour les réaliser (automatismes, exploitation des rêves) elles annoncent déjà la suite de l’œuvre. L’artiste n’aura de cesse d’organiser ces éléments primordiaux dans un univers en construction permanente, confrontant sans relâche la réalité à sa sensibilité et son imagination
Miró aimait à observer les choses simples, les éléments de la nature mais aussi les objets du quotidien. Leur observation s’apparente chez lui quasiment à une méditation de travail. L’artiste cherchait la vie dans toute chose et l’immobilité déclenchait chez lui une formidable mise en mouvement, un élan créateur d’une rare densité. La photographie le montrant assis dans le jardin zen du temple Ryoan-ji de Kyoto, en 1966, est à cet effet assez significative. Laisser tomber le superflu, se dépouiller de l’inutile pour ne garder que l’essentiel.

Voilà ce qui pourrait constituer la trame de l’œuvre. Pas de surcharge, aller vers le dépouillement pour mieux dire. On comprend pourquoi Miró était aussi appelé le peintre de la poésie. On peut par ailleurs trouver l’influence de la calligraphie extrême orientale dans son œuvre, en particulier dans les signes dont il parsème ses toiles, et qui forment autant d’idéogrammes symboliques et secrets. Parmi toutes les toiles exposées, plusieurs d’entre elles pourraient émerger et constituer des repères, à la manière de balises de repérage. « L’espoir du condamné à mort » (1974) nous semble être l’une des plus marquantes. L’engagement politique, le refus de la barbarie sont au cœur de ce triptyque qui fait suite à l’exécution le 2 mars 1974 d’un étudiant anarchiste Salvador Puig Antich. La puissance synthétique de ces trois tableaux est absolument saisissante. A travers une économie de moyens, un trait noir, une tache de couleur variant à chaque tableau, l’artiste illustre de manière expressive et symbolique la force dramatique de la condamnation, de l’injustice et de la révolte.
La céramique et la sculpture sont bien représentées dans l’exposition. C’est principalement avec le céramiste Josep Llorens Artigas que le Miró travailla. La production de vases et terres cuites est évoquée dans une salle du premier étage. Les sculptures sont réparties au gré des salles, la plus remarquable étant à notre sens « La déesse de la mer » (1968) qui fut immergée au large de Juan-les-Pins en 1972.
L’exposition présentée au musée Burda permet de découvrir et d’approfondir l’œuvre d’un artiste singulier, qui n’eut de cesse de développer son langage propre, transcrivant sous différentes formes son expression poétique. A la croisée des grands courants artistiques, il reste aujourd’hui l’un des maîtres incontestés de l’art du vingtième siècle.

Aube violacée

Petit matin brumeux, aube violacée

Nul besoin de commentaires...



Feydeau toujours actuel...

Voici le texte de mon prochain article à paraître dans le prochain numéro de Transversalles.
Feydeau aux Tanzmatten

Le BoulevArt Théâtre a présenté début octobre aux Tanzmatten de Sélestat deux petites pièces de Georges Feydeau, écrites en 1911 : « Léonie est en avance » et « Mais n’te promène donc pas toute nue », dans une mise en scène signée Daniel Chambet-Ithier. Deux courtes comédies où le drôle et le cocasse laissent appararaître avec brio une critique en règle des mœurs de leurs temps. Dans une scène épurée ou les éléments de décor sont réduits à l’essentiel, les six comédiens nous régalent d’un théâtre à l’apparence facile, mais en réalité complexe et exigeant.

Les deux pièces sont l’aboutissement d’une résidence partagée entre le PréO d’Oberhausbergen, l’Espace Scène de l’Agence Culturelle d’Alsace et les Tanzmatten de Sélestat.
« Léonie est en avance » nous emporte d’emblée dans un intérieur bourgeois. Madame Léonie est enceinte et sent venir les prémisses d’un accouchement prématuré. Les douleurs reviennent à intervalles réguliers et sont pour elle prétexte à des échanges tendus avec son mari benêt qui lui, aimerait prendre son dîner. Entre le bébé long à venir et les macaronis qui ne passent pas, le dialogue multiplie les effets de tiroir. L’accouchement est encore une affaire purement féminine dont les hommes sont strictement exclus, et ce n’est pas la présence de la sage-femme qui va arranger les choses. Bien sûr, voilà qu’arrivent les parents de la future mère, ce qui n’arrange pas les affaires du pauvre mari, ridicule à souhait, contraint de se soumettre à toutes les exigences et fantaisies de son épouse, allant même, sous la pression collective, à se coiffer d’un ridicule pot de chambre. Ici, on ne sait si le caprice est plus fort que l’intolérance, dans un jeu de dupes qui, finalement, ne voit que des perdants, le fruit de l’accouchement apportant sa propre part de surprise.
Derrière le paravent du discours de la décence, « Mais n’te promène donc pas toute nue » nous emmène dans un autre intérieur bourgeois. Clarisse, femme de député, excentrique, un brin exhibitionniste et follement provocatrice, est opposée à son mari, qui souhaiterait que les tenues de son épouse soient mesurées à l’aune de ses propres ambitions politiques. Pour compliquer les choses dans ce huis-clos tendu, Feydeau y a ajouté Victor, valet curieux et voyeur, toujours là où il ne faut pas, enfin selon. La grande affaire, c’est que l’appartement est situé face aux fenêtres de Clémenceau et que celui-ci n’attend qu’une occasion pour faire chuter celui qui s’imagine déjà en ministre. Alors, lorsque Clarisse entend porter des tenues légères chez elle, apparaît nécessairement le conflit d’intérêts, surtout lorsque s’ajoutent à l’affaire un second homme politique sans scrupules et un journaliste très curieux. Le jeu de la mauvaise foi entraîne les protagonistes dans des échanges où s’opposent le besoin d’émancipation et la rigueur des mœurs, la quête de la liberté au poids des préjugés et de l’ambition. Dans tous les cas de figure, la vérité est toujours aménagée en fonction des besoins, le moralisateur l’arrangeant en justification de ses actes. Le compromis n’est jamais loin de la compromission. Au passage, Feydeau égratigne le pouvoir politique, s’interrogeant sur l’utilité de la présence des députés à la Chambre, et au-delà sur celle des maris dans leur chambre (conjugale).
Dans les deux pièces, la peinture des mœurs convenues cachent une critique en règle du mariage et du fonctionnement des couples, poussé jusqu’à l’absurde. Celui qui a renouvelé l’art du vaudeville serait peut-être surpris de constater à quel point ses pièces sont toujours d’actualité. Même si la langue a légèrement vieillie par endroits, les thèmes abordés trouvent toujours un incroyable écho dans notre quotidien. Il faut croire cependant que les mœurs n’ont pas évolué à la même vitesse dans tous les domaines, et que, si les rapports de force dans le couple vont vers un certain équilibrage, il n’en est pas de même pour le monde politique où l’ambition et le calcul règnent toujours en maître.
Les six comédiens nous offrent là une belle lecture du texte de Feydeau, dans un jeu dynamique et fluide, jonglant avec la drôlerie et la parodie sans pour autant glisser dans le piège du burlesque. Nathalie Mercier campe une Léonie tyrannique et une Clarisse provocatrice à souhait. Elle occupe la scène de belle manière en déployant une belle énergie mais reste très juste dans son interprétation en évitant l’écueil de la clownerie et de la facilité. Laurent Manzoni se partage entre les rôles de la bonne et celui du député, dans un jeu posé et convaincant. Jean-Philippe Meyer est à la fois la sage-femme de Léonie et le politique véreux de Clarisse. D’une aisance impressionnante dans les deux rôles, il montre une très belle présence sur scène. Raphaël Scheer campe le mari ridicule et le journaliste du Figaro, dans un jeu qui semble naturel et précis. Dominique Kling apparaît en père de Léonie et en valet voyeur de Clarisse, bien installé dans les textes et les rôles. Jannick Voirin interprète la mère de Léonie, tyrannique et dominatrice, de manière énergique et assurée.
Après quasiment cent ans d’existence, le texte de Feydeau reste très vrai et se teinte même d’une actualité surprenante. La compagnie BoulvArt Théâtre nous en offre une lecture et un hommage de qualité.
Les deux pièces seront reprise mi-octobre au PréO d’Oberhausbergen, en mai au Festival de Phalsbourg et au Tap’s à Strasbourg.

lundi 20 septembre 2010

Trois portraits de cueilleuses dans un champ de thé


Une belle rencontre au bord de la route, quelque part dans le nord de la Thaîlande. La cueillette se fait en même temps que le débroussaillage, d'où l'intérêt de la machette à la ceinture. La tâche est rude, visiblement. Le contact se fait simplement et facilement, et c'est souvent ainsi lorque l'on s'arrête et que l'on reconnaît le travail effectué. .

N'oublions jamais que :

- loin des discours précieux des amateurs d'exotisme, le thé est d'abord un produit agricole

- les travaux d'entretien et de cueillette sont durs et exigent beaucoup d'énergie physique.

Lorsque nous mettons le nez au-dessus d'une tasse, notre première pensée pourrait aussi, de temps à autre, aller à tous ceux qui travaillent durement pour que ces feuilles arrivent jusqu'à nous. Je voulais ici leur rendre cet hommage.

mercredi 15 septembre 2010

Un Yunnan au jardin

Dimanche, grand soleil, journée consacrée au jardinage. Au programme : désherbage, préparation de la terre et repiquage des poireaux. Gourmandise : pommes, pêches des vignes et dernière série de fraises. En prime, une profusion de roses, d'hibiscus, de cosmos en mauve, bleu et orange, les eschscholtzia jaunes, les dahlias et les zinnia. Bref, le pied !
En fin d'après-midi, on décide de s'arrêter et de préparer un thé.
C'est un grand Yunnan "Dian Huong Aiguilles d'Or" qui a été retenu, préparé dans la petite théière blanche et bleue, les tasses japonaises et le plateau laqué noir.
Le temps de faire chauffer l'eau, de préparer le plateau et déjà la météo avait tourné. Quelques nuages étaient venus ternir la belle lumière, le ciel était menaçant mais ce ne fut qu'un petit orage qui nous effleura.
Super, le jardin est arrosé et les poireaux ne demandent pas mieux. L'air sentait la terre mouillée et l'accord avec le Yunnan était parfait, et puis, déguster un thé au sec, sous l'auvent en regardant tomber la pluie, c'est forcément un grand moment. Surtout que la température était restée douce.
Après la pluie, le ciel s'est à nouveau éclairci et nous a gratifié d'un coucher de soleil illuminant les nuages au-dessus de la Forêt Noire.

Finalement, il suffit de peu de choses, mais surtout d'un bon thé, et n'importe quel moment perd de sa banalité et se teinte de grâce.

lundi 13 septembre 2010

Roger Dale, the boxer...

Samedi dernier, à la Robertsau, Robert Dale a oeuvré pour la défense d'un élément du patrimoine qui était voué à disparaître sous les dents de la voracité immobilière. Heureusement qu'un collectif "kartier nord" s'est interposé pour attirer l'attention sur un petit bijou d'architecture et le sauver de la destruction.

Dans la petite orangerie, Roger Dale a réalisé une toile, en une heure, avec des gants de boxe. L'artiste pour qui "la peinture c'est de l'art, l'art c'est la vie et la vie est un combat" a contribué à sa manière à cette belle cause. Bravo !

Robert Dale devant son tableau, enfilant ses gants de boxe.

Prochaines manifestations :

25 et 26 septembre : Joseph Kieffer (installation, photographie et objet explosif) et Isabelle Reff (atelier éphémère pour anagraphodromes).

9 et 10 octobre : Christophe Meyer (dessins marouflés) et Global Warning (saxo et percussions).

Plus d'infos sur http://kartiernord.canalblog.com

Un thé chez George Cannon

Nous avons découvert la splendide maison de thé que les établissements George Cannon ont inauguré à Paris, au 12 rue Notre-Dame-des-Champs dans le 6ème.
Au rez-de-chaussée, on découvre deux espaces, l'un réservé à la vente, l'autre à la dégustation. L'accueil est chaleureux et agréable. On sent tout de suite la compétence et la passion du thé.
Nous en avons profité pour prendre une salade et un sandwiche-club avec un thé vert japonais, très bien préparé.
Au sous-sol, un espace de détente et de massage ainsi qu'un coin réservé à la pratique de la cérémonie japonaise du thé : le chanoyu. Tout y est : les tatamis, les cloisons coulissantes, un micro jardin sec, la bouilloire... Une petite maison de thé, en somme. L'ambiance est recueillie, la sobriété du lieu invite à une belle pratique du thé, un endroit rare comme on les aime. Un lieu qui respire le thé et où le thé respire, sans emphase et sans snobisme. C'est superbe !
Voilà une adresse qui est promise à un bel avenir.
Pour aller sur le site des Ets George Cannon

mercredi 8 septembre 2010

Joe Downing au musée d'Unterlinden, à Colmar

Voici le texte de mon article sur la rétrospective Joe Downing, présentée jusqu'au 31 octobre au Musée Unterlinden à Colmar.
Cet article sera publié dans le prochain numéro de Tranversalles, en septembre.
L'expo est splendide, très bien organisée et finement pensée. Je la recommande vivement car il n'est pas courant de voir autant d'oeuvres de cet artiste trop peu connu du public. Le week-end du 23 au 26 septembre s'annonce d'ailleurs comme un moment fort et dense, au vu des nombreuses interventions qui sont organisées.
Ci-dessous "Et la cathédrale de Strabourg" (1975, huile sur toile)

Un américain à Colmar


Le Musée Unterlinden de Colmar présente jusqu’au 31 octobre prochain la rétrospective « Joe Downing, Un américain en France ». Construite essentiellement à partir des œuvres issues de la collection du musée mais aussi de prêts, l’exposition apporte un éclairage très intéressant au travers d’un parcours construit avec intelligence et finesse, portant un éclairage précis sur celui qui fut l’un des grands représentants de l’abstraction lyrique. Couvrant une cinquantaine d’années et soulignant les tournants essentiels d’un travail marqué par une exploration de la couleur et de la lumière, cette exposition est un véritable régal pour le regard et l’esprit. Le musée organise par ailleurs des temps forts autour de cette exposition, le week-end du 23 au 26 septembre.
C’est grâce à la donation Emmanuel Wardi, faite en 2009 et composée de 124 œuvres, que la collection du musée consacrée à Joe Downing a vraiment gagné en ampleur et en densité. Constitué principalement d’huiles sur papier, sur toile et sur bois, de quelques dessins et collages ainsi que d’autres travaux réalisés sur des supports variés comme la terre cuite, le cuir ou le métal, ce don est venu enrichir une première collection initiée par la Société Schongauer depuis le milieu des années soixante-dix. Les premiers achats, dont une commande pour le musée, témoigne de l’intérêt porté à un artiste peu médiatisé mais reconnu comme l’une des figures de la peinture abstraite américaine de la seconde moitié du vingtième siècle en France.
Ci-dessous "Nonobstant" (1966-67, huile sur toile)
Né en 1925 dans le Kentucky (U.S.A.) Joe Downing découvre l’Europe durant la seconde guerre mondiale. Démobilisé, il retourne aux Etats-Unis et suit des cours d’optométrie, mais étudie également la physique de la lumière et des couleurs, à Chicago. L’Art Institute de la ville le voit passer souvent : il y apprécie les tableaux de Georges Braque, Pablo Picasso, Paul Cézanne et Marc Chagall, et particulièrement « Un Après-midi à la Grande Jatte » (1884-86) de Georges Seurat. La conjonction de ses études et la révélation du pointillisme marquent sa sensibilité de manière profonde et constituent parmi les principaux jalons de sa vocation. Au-delà de son goût pour le post-impressionnisme, il admire aussi les mosaïques byzantines et le travail du vitrail. Ces influences se retrouveront tout au long de son œuvre. Parallèlement à ses études, il suit des cours du soir à l’Art Institute et finalement, au lieu de choisir la pratique médicale, bifurque vers la peinture. En 1950, il part à Paris, pôle d’attraction du milieu artistique d’après-guerre, pour un court séjour de quelques mois. Il s’installera définitivement en France dés cette époque, à l’instar de nombreux artistes étrangers. Dés 1952 il expose à Paris à la Galerie Huit et se verra encouragé par Picasso pour sa production. L’année suivante c’est Paul Fachetti qui le présente, juste après Jackson Pollock. Sa notoriété se développe rapidement et la reconnaissance internationale ne se fait pas attendre. En 1968, il achète une maison à Ménerbes, dans le Lubéron, et en fait sa seconde résidence, jusqu’à sa mort en 2007.

Le parcours de l’exposition suit une organisation chronologique et permet d’appréhender l’ensemble du parcours de Joe Downing. Elle démarre au début des années cinquante par les premières huiles sur des cartons de stencils que l’artiste récupérait pour en faire ses supports. Ses premières peintures sont encore figuratives, mais on sent déjà chez l’artiste le besoin de l’exploration de la matière. Il produit aussi une série de collages et d’agrafages, qui, exposés en 1955, le feront connaître par son apport à l’abstraction. A cette époque il se tourne aussi vers la peinture sur toile, qu’il travaille horizontalement au couteau, au rasoir ou au doigt. Ses travaux sont fortement inspirés des vitraux des cathédrales, par la richesse et l’harmonie des couleurs mais aussi à travers la très forte structuration des toiles, marquées par des lignes verticales, à la manière d’une trame.

Dans les années soixante et soixante-dix, il passe progressivement au pinceau et travaille verticalement. Tout en poursuivant son exploration de l’abstraction, il évolue vers une peinture plus précise, plus élaborée, grâce à l’utilisation, entre autres, de glacis légers. Il joue subtilement avec les accords de couleurs et insuffle à ses toiles un mouvement, un frémissement issu des touches juxtaposées. La structure y est toujours présente et la multiplicité des taches colorées, ce caractère si particulier du travail de Joe Downing, nous renvoie directement à la mosaïque et au divisionnisme.
Ci-dessous "La porte de Marguerite Tamisier" (1982, panneau de bois assemblé et peint)

Joe Downing poursuit son travail d’exploration, et, à partir de 1964 se tourne vers un nouveau support : le cuir, peint puis cloué sur du bois. Il apprécie ce matériau peu commun dans la peinture pour sa stabilité et sa bonne tenue. Il lui apporte en outre une souplesse dans l’agencement de ses travaux et une forme de respiration, de détente presque, lorsque le labeur sur la toile appelle une alternative. Il créé ainsi une série de grandes pièces de bois recouvertes de cuirs peints ou non, à l’aspect totémique. A la même époque, il investit également d’autres supports : portes, volets, tuiles de terre cuite. L’exposition nous en propose plusieurs ainsi qu’un exceptionnel ensemble carreaux en terre cuite peints qui était maçonné dans sa demeure de Ménerbes. Pour permettre sa présentation, cet ensemble de carreaux à du être démonté puis reconstitué sur un cadre fixe. Dans ses dernières peintures des années 2000, il reste fidèle à son travail et poursuit son exploration de la couleur et de la lumière.
Ci-dessous, sans titre et sans date ( huile sur cuir peint et clouté sur bois)Une dernière petite salle montre un aspect méconnu du peintre : son goût pour la poésie. Dans les vitrines sont présentés les publications de plusieurs recueils de ses textes, comprenant, entre autres, des illustrations à l’aquarelle. Enfin, un petit film de 14 minutes réalisé par Claude Guibert en 2001 permet d’entendre Joe Downing parlant de son travail.
L'artiste avait souhaité qu’une partie de ses œuvres restent en France et puissent être présentées au grand public. Avec cette exposition, c’est chose faite. Par ailleurs une très grande part de sa production est retournée aux Etats Unis où un musée lui est consacré dans le Kentucky.
Cette rétrospective Joe Downing apporte un éclairage fin et complet sur le travail d’un artiste qui n’a eu de cesse d’explorer, les couleurs, la lumière, mais aussi l’espace et les supports. Le parcours est agréable et cohérent, conçu avec beaucoup de finesse et de sensibilité. Il permet d’appréhender le travail de l’artiste sous ses multiples facettes et de pénétrer dans un univers foisonnant et subtil, où même l’immobile semble animé d’un mouvement et d’une vie intérieure.

Le musée organise, du 23 au 26 septembre, une série de temps forts autour de l’exposition qui permettront au visiteur de découvrir ou d’approfondir l’œuvre et la vie de Joe Downing. Films, conférences, visites guidées, lecture de poèmes par des comédiens, ateliers d’écriture et du regard se succéderont et permettront d’apporter un éclairage supplémentaire.

mercredi 1 septembre 2010

Mais où va le thé vert .?

J'avais entendu parler des thés prêts à boire, au Japon ou à Taïwan. Eh bien j'en ai trouvé un en Thaïlande, dans un magasin "seven eleven", célèbre chaîne à la mode visant une clientèle jeune.
La petite bouteille se trouvait dans un frigo-présentoir de boissons fraîches et l'inscription sur l'étiquette a tout de suite accroché mon regard... Matcha, eau minérale ? De retour à l'hôtel, je me suis empressé de le préparer en suivant le mode d'emploi, puis j'ai goûté...

Sous le petit carton est accroché un sachet. Dans ce sachet, un autre petit sachet contenant le matcha...
Pas très vert, pas très frais, un peu terne...
En dessous, le mode d'emploi. Même si on ne lit pas le thaï on comprend...
Ouvrir le sachet, verser dans la bouteille, fermer puis secouer dans tous les sens.
Avant de secouer, la poudre de thè se mélange à l'eau...
Après avoir secoué, voilà ce que ça donne...

Honnêtement, le résultat n'est pas inoubliable, pour ne pas dire pas terrible du tout. C'est juste une boisson "goût thé vert", sans aucune ambition, sans aucun charme. Les amateurs de Japon et de chanoyu peuvent s'arracher les cheveux et Sen No Rikyu doit se retourner dans sa tombe.

Ca valait le coup d'être essayé, au moins par curiosité. Jusqu'où ira le marketing pour faire des affaires en exploitant la réputation du thé vert ?