Cet article est paru dans Hebdoscope le mercredi 18 février 2009.
Trésors de Dunhuang
Le Musée Guimet (Paris) présente en collaboration avec le Centre Culturel de Chine une double exposition consacrée au sanctuaire rupestre proche de la ville de Dunhuang, en Chine. Cet ensemble exceptionnel situé dans une oasis du désert de Gobi couvre mille ans d’art bouddhique et constitue un fond fabuleux constitué de sculptures, peintures, documents écrits et imprimés. La double présentation est construite d’une part sur les pièces du musée Guimet, à découvrir au cours d’une présentation-parcours dans les différentes salles du bâtiment de la place d’Iéna, d’autre part sur des reconstitutions grandeurs natures et en trois dimensions de plusieurs grottes, mettant en scène des copies de sculptures et de fresques polychromes, au Centre Culturel de Chine, qui a fait peau neuve.. Un voyage extraordinaire qui nous mène au cœur d’un inestimable patrimoine culturel, à la rencontre de pièces rares et inestimables.
Le Centre Culturel de Chine est le premier du genre installé dans un pays occidental, en l’occurrence à Paris depuis fin 2002. Son but étant « d'encourager et de promouvoir les relations et les échanges entre la Chine et la France… » il était naturel que des passerelles fussent construites avec le Musée Guimet – Musée National des Arts Asiatiques, l’exposition Trésors de Dunhuang, mille ans d’art bouddhique constituant le premier élément d’une série qui, n’en doutons pas, sera riche des projets à venir.
A vingt-cinq kilomètres au sud de la ville de Dunhuang, dans la province chinoise occidentale de Gansu, se trouvent les grottes de Mogao (« Eminence sans pareille »). Formées de 480 chapelles creusées dans le roc, s’étalant sur 1680 mètres de long et s’empilant par endroit jusqu’à cinq niveaux, elles constituent le plus grand ensemble de grottes bouddhistes de Chine. Leur origine remonte au IVème siècle : en 366, un moine y eut une vision lui faisant apparaître mille bouddhas. A partir de cette expérience spirituelle, il commença le creusement de la première grotte. Pendant près de mille ans, il en sera constamment ajoutées de nouvelles, offrant aux moines des lieux de méditation et de perpétuation de la tradition des peintures murales représentant la vie et l’œuvre du Buddha historique, mais également des portraits des donateurs ainsi que des motifs ornementaux. Certaines statues atteignent des dimensions monumentales, la plus grande mesurant 34,50 mètres de haut. La technique employée n’avait pas recours à la pierre, trop friable, mais à l’argile mêlée à de la paille, modelée, sculptée puis peinte. Les grottes n°25 et n°275 du site de Mogao ont été reconstituée au Centre Culturel de Chine, en respectant scrupuleusement les peintures et les sculptures, poussant le souci du détail jusqu’à utiliser de la boue de cette région pour se rapprocher au maximum des originaux. Les grottes de Mogao, appelées aussi « grottes des mille Buddhas » retracent l’évolution des courants doctrinaux du bouddhisme et d’influences stylistiques diverses. L’implantation géographique de la ville de Dunhuang n’y est pas étrangère : située sur la Route du thé et de la soie, la ville fut longtemps un poste militaire avancé de l’empire face aux territoires de l’ouest, mais surtout l’axe de pénétration des commerçants étrangers et des moines qui disséminèrent en Chine le bouddhisme venu d’Inde. Le creusement des grottes de Mogao s’étalant du IVème au XVème siècles, la statuaire et la peinture reflèteront les courants gréco-indiens, tibétains et chinois, correspondant aux différentes périodes. La chronologies des chapelles se calque sur celle des dynasties régnantes en Chine : Wei (386-581), Sui (581-618), Tang (618-907), Cinq Dynasties (907-960), Song du Nord (960-1127), Song du Sud (1127-1279), et Yuan (1279-1368). A partir de la dynastie Ming (1368-1644) et ce jusqu’à nos jours, aucune autre grotte ne sera ajoutée. Le parcours dans les différentes salles du Musée Guimet permet de suivre les évolutions de la statuaire, qu’elle soit de terre, de pierre, de bois ou de bronze. Cette intégration permet de mieux saisir les influences et de les replacer dans leurs courants originels.
En juin 1900, Wàng Yuànlù, un moine taoïste, découvrit accidentellement une salle jusqu’ici murée. Elle contenait un véritable trésor : environ 50 000 documents, manuscrits, peintures et objets, datant du Vème au Xème siècles, miraculeusement conservés pendant près de mille ans. Les membres d’un groupe de recherche constitué par le britannique Sir Marc Aurel Stein, le français Paul Pelliot et le japonais Otani Kozui étudièrent la fabuleuse découverte. Paul Pelliot put en acquérir une partie, visibles au Musée Guimet. Un photographe français, Charles Nouette, faisait partie de l’expédition. Il réalisa plus de quatre cents clichés des grottes de Mogao. Le musée en présente certaines dans la bibliothèque ronde du premier étage, nous permettant d’entrer dans le site par le double chemin de l’image et du temps. L’ambiance contemporaine du musée nous invite en permanence à découvrir et à partager, à faire un saut dans le temps mais aussi dans cet Extrême-Orient qui séduit tant notre imaginaire. Les Trésors de Dunhuang donnent un peu plus corps à nos représentations et nous permettent d’entrer dans ce monde de manière nettement plus éclairée. La route du thé et de la soie n’en garde pas moins son attrait, son charme et sa poésie, souvent auréolée d’un parfum de voyage et de mystère. Notre représentation s’y est enrichie.
Pour aller sur le site du Musée Guimet cliquez sur http://www.guimet.fr/
Pour aller sur le site du CEntre Culturel de Chine à Paris cliquez sur http://www.cccparis.org/
Pour retrouver l'article sur le site de Transversalles http://www.transversalles.com/nord/index.php?id=113&no_cache=1&tx_ttnews[tt_news]=1437&tx_ttnews[backPid]=14
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